Intervention de Paul Christophe

Séance en hémicycle du jeudi 20 décembre 2018 à 15h00
Mesures d'urgence économiques et sociales — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Christophe :

Nous examinons le projet de loi portant mesures d'urgence économiques et sociales, déposé hier par le Gouvernement. Dix-huit mois après l'élection du Président de la République Emmanuel Macron sur la promesse de réconcilier les Français et de dépasser les clivages, ce projet de loi est celui d'un retour au réel. Il constitue une réponse en urgence face à la colère exprimée ces dernières semaines par la France des oubliés et des sans-voix, que l'on qualifie dédaigneusement de « périphérique ».

Que nous dit cette France ? Qu'elle ne supporte plus les décisions brutales et verticales, à l'image de la limitation de la vitesse de circulation à 80 kilomètres heure. Qu'elle souffre d'une dégradation de son pouvoir d'achat, amplifiée par la hausse des carburants, véritable goulet d'étranglement pour tous ceux dont l'usage du véhicule est incontournable.

Cette France évoque aussi la dégradation et la disparition des services publics, la multiplication des déserts médicaux et l'impossibilité de trouver un médecin à moins de 50 kilomètres de chez soi, l'abandon croissant des villes rurales et moyennes au profit des métropoles, le sentiment progressif d'un déclassement et, surtout, une absence d'écoute et d'empathie des politiques qui apparaissent déconnectés des réalités de la vie.

On entend, depuis quelques jours, une petite musique sur le rôle qu'aurait joué la haute administration, accusée d'être à la fois déconnectée et sourde aux difficultés rencontrées par les Français. Ce diagnostic est en partie juste, mais il ne doit pas conduire les responsables politiques à s'exonérer de leurs responsabilités. C'est en effet précisément le rôle des politiques d'indiquer le chemin et de proposer des solutions, charge à l'administration de les mettre en oeuvre par la suite.

Lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, notre assemblée aurait pu – nous y étions favorables – choisir de renvoyer le texte en commission pour prendre en compte la colère qui s'exprimait dans la rue. Nous regrettons que la majorité n'ait pas écouté cette sage proposition.

La multiplication des signes avant-coureurs du mécontentement de nos concitoyens aurait dû vous avertir. Malheureusement, depuis dix-huit mois, la majorité fait preuve d'une remarquable surdité à nos avertissements. Il n'est pourtant pas déshonorant d'admettre que l'on s'est trompé, et que des orientations que l'on croyait justifiées se révèlent, en définitive, contre-productives.

Nous avons soutenu, lors de l'examen du projet de loi de finances, les mesures d'urgence visant à augmenter les crédits dédiés à la prime d'activité. Il nous semble plus opportun d'augmenter cette prime plutôt que le SMIC, car cela pourrait détruire des emplois, et il nous paraît raisonnable de tenir compte de la composition du foyer fiscal pour son versement. Sur ce sujet, il faut raison garder : on ne peut pas s'opposer à la défamilialisation de l'impôt sur le revenu, se battre contre la fusion de la CSG et de l'impôt sur le revenu, et dans le même temps regretter que la prime d'activité ne soit pas versée à tous les employés rémunérés autour du SMIC, sans prise en compte des revenus de leur conjoint !

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