Intervention de Louis Aliot

Séance en hémicycle du jeudi 20 décembre 2018 à 15h00
Mesures d'urgence économiques et sociales — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLouis Aliot :

Montée des profondeurs du pays, la révolte des gilets jaunes n'est pas apparue par hasard. La colère grondait dans les tréfonds depuis déjà longtemps. Sourde aux cris d'un peuple éprouvé par des décennies de déclin, la « Macronie » a fait la démonstration de son inexpérience, de ses incompétences et de ses failles, ignorante des réalités vécues par les Français, tout en continuant imperturbablement à faire la leçon aux pauvres ignares qui osaient se plaindre.

De mon côté, je pressentais dès septembre les conséquences de l'augmentation des taxes sur les carburants, demandant à l'exécutif de renoncer à un projet qui ne pourrait qu'embraser un peu plus la France qui n'en peut plus de payer, à commencer par nos compatriotes les plus modestes ! Et toutes les oppositions ici présentes vous avaient pourtant alerté. Les gilets jaunes sont, depuis le départ, de simples citoyens qui se sont dressés spontanément, sans chefs, sans syndicats, sans parti. Pour certains, c'était même la première fois qu'ils descendaient dans la rue, ce qui est révélateur d'une forme d'impuissance de notre système démocratique. Je ne m'attarderai pas sur les errements du Président, mais peut-être faudra-t-il s'interroger sur son attitude, en miroir de celle de certains ministres et certains députés appartenant à la majorité, sectaires, autoritaires, railleurs et condescendants, finissant par céder trop peu et peut-être trop tard.

Que faire pour se faire entendre ? Que faire pour être écouté dans un pays qui a lamentablement trahi le vote populaire qui s'était exprimé lors du référendum de 2005 sur le projet de Constitution européenne ? Que faire quand payer impôts ou taxes n'a plus de sens et que l'on n'a plus le reste-à-vivre suffisant pour rester digne devant ses proches ? Que faire quand personne, ou si peu, ne vous représente dans les institutions, dont c'est pourtant la première fonction ? Prendre les rues et les ronds-points. Investir et s'investir dans une aventure collective propice à vous rendre une dignité que les élites et les sachants vous refusent !

Si vos mesures prises dans l'urgence sont susceptibles de désamorcer un surplus de colère, elles sont évidemment insuffisantes et portent en elles la révolte d'après. Le Président ignorerait-il les vrais enjeux soulevés par les Français qui ont enfilé ces gilets jaunes et par ceux, toujours très nombreux, qui les soutiennent dans leur action ? La France des sous-préfectures et des oubliés est comme abandonnée, exclue des grandes politiques publiques, sans que l'État semble en mesure de pouvoir inverser la tendance.

A-t-il d'ailleurs encore les moyens de le faire ? Rien n'est moins sûr : hausse du coût de la vie, augmentation des prix des biens de consommation courante, stagnation des salaires, dégradation des services publics, désindustrialisation, ruine de l'agriculture, pas un seul secteur n'échappe à la crise, à l'exception notable de la Bourse. Le contexte n'est pas dégradé : il est explosif. L'État n'est pas « en marche » : il est failli ou presque. Les Français le perçoivent et réagissent en conséquence.

Aux demandes initiales liées au pouvoir d'achat, se sont logiquement greffées des interrogations sur nos institutions. La démocratie représentative ne représente plus. Les Français veulent de profonds changements afin d'être correctement entendus. Ils consentiront d'autant plus à payer impôts et taxes que ceux-ci seront corrélés à deux impératifs : la sécurité de leurs biens et de leurs personnes, et la prospérité morale et financière. La révolte des gilets jaunes est la révolte de ceux qui veulent vivre décemment de leur travail !

Pour augmenter le pouvoir d'achat, il faut rompre avec la mauvaise dépense, arrêter de financer tout et surtout n'importe quoi, et ne pas hésiter à puiser dans le coût exorbitant d'une immigration subie qui fait aujourd'hui débat dans l'Europe entière. Il faut aussi s'attaquer à la fraude, au moment où nous apprenons de la bouche d'un ancien magistrat qu'il existerait en France 1,8 million de numéros de sécurité sociale attribués sur des bases frauduleuses à des personnes nées à l'étranger, pour un coût de 14 milliards d'euros. Que fait votre gouvernement, mesdames les ministres ?

Nous avons déposé deux amendements : la suppression de la CSG pour les retraités et la ré-indexation des retraites et des allocations sur l'inflation. Les Français attendent ces gestes. Les retraités espèrent. Vous écoutez, mais vous n'entendez pas. Vous gardez un cap qui s'avérera funeste pour notre pays ! Les Français ne sont pas dupes, ils sont sortis bruyamment de leur réserve pour entrer dans l'action et tenter de faire respecter à la lettre notre devise républicaine : gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple !

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