Intervention de Alexandre Holroyd

Séance en hémicycle du mercredi 16 janvier 2019 à 15h00
Préparation au retrait du royaume-uni de l'union européenne — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexandre Holroyd, rapporteur de la commission mixte paritaire :

Monsieur Mélenchon, c'est la seconde motion de rejet préalable que vous avez défendue sur ce texte, et c'est toujours un plaisir que de pouvoir vous répondre et de dialoguer avec vous sur un thème d'autant plus fascinant que vous nous laissez le choix des sujets, puisque vous avez couvert un champ pour le moins assez large.

Vous avez mentionné la question que j'ai posée au Gouvernement et les mensonges que j'ai évoqués comme ayant été une partie essentielle de la campagne qui s'est déroulée au Royaume-Uni. J'y habitais à l'époque, et j'ai entendu alors un responsable politique expliquer qu'il serait super-facile de sortir de l'Union européenne, que ce serait fait en deux coups de cuillers à pot. Il est très clair, aujourd'hui, que ce n'est pas le cas et que c'est au contraire compliqué.

Le vote d'hier et la division fondamentale de la classe politique britannique, qui traverse d'ailleurs les appartenances politiques puisqu'elle concerne les travaillistes comme les conservateurs, symbolisent ce que cette question a de très difficile.

J'ai également vu et entendu, à la radio et à la télévision, des responsables politiques qui expliquaient qu'en l'espace de quelques semaines, de quelques mois ou de quelques années, le Royaume-Uni signerait des accords de libre-échange avec tous les grands pays de la planète qui feraient la queue devant le nouveau département du commerce international pour les signer. Les Britanniques attendent toujours ces accords !

Vous êtes, tout comme moi, très attaché à la sécurité sociale. Au Royaume-Uni, le NHS – le National health service – est une pièce maîtresse de la vie politique. Or des responsables politiques se sont également rendus dans tout le pays en expliquant que la totalité de la contribution européenne du Royaume-Uni serait affectée au NHS. Les hôpitaux britanniques attendent toujours cet argent !

Une série d'inexactitudes a donc joué un rôle dans la décision du peuple britannique. Néanmoins, on aurait tort de penser qu'aucun enseignement ne peut être tiré du Brexit. Sur ce point, je partage votre point de vue, et c'est même l'une des raisons qui m'ont amené à m'engager en politique derrière un candidat à la Présidence de la République qui proposait une nouvelle vision pour l'Europe et faisait des propositions concrètes pour aider nos concitoyens.

Je pense par exemple au rapport que j'ai écrit récemment proposant que l'assurance chômage universelle puisse être présentée aux Européens comme un moyen de stabilisation. Cette proposition destinée à les protéger aurait pu par exemple aider la Grèce en 2005, et elle pourrait aider d'autres pays qui sont aujourd'hui en difficulté. C'est ce genre de proposition qu'il aurait peut-être fallu faire entendre en amont du Brexit, j'en conviens, et qu'il faut mettre en place aujourd'hui. C'est pourquoi le discours de la Sorbonne du Président de la République offre, à mon avis, un ensemble de solutions à ces problèmes.

Sur le traité budgétaire, j'ai du mal à vous suivre : le Royaume-Uni ne l'a pas signé et, n'ayant pas l'euro, il n'a pas à se soumettre à ses conditions, contrairement à ce qu'il en est pour d'autres pays européens. Je vous assure que je n'ai jamais entendu dans le débat public britannique un argument tirant parti du fait que le traité budgétaire européen serait un principe contraignant.

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