Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du mercredi 16 janvier 2019 à 15h00
Préparation au retrait du royaume-uni de l'union européenne — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Ce n'est pas pour des questions de posture que le groupe La France insoumise a déposé cette motion de rejet préalable, mais parce que nous sommes parlementaires et que notre rôle, ici, est de débattre pour éclairer notre réflexion et comprendre les raisons fondamentales qui nous ont conduits là où nous en sommes, car ce qui se passe en Grande-Bretagne a et va avoir une incidence sur l'ensemble des pays européens, sur l'Union européenne comme sur notre pays. Tel est le sens politique de cette motion, qui est à l'opposé d'une posture ou d'une quelconque forme d'éloquence tribunitienne superficielle.

Les différents points développés par le président Mélenchon révèlent nos divergences d'analyse politique sur les causes, les conséquences et les perspectives pour notre pays et pour l'Union européenne du vote sur le Brexit et de la décision du Parlement britannique.

On a évoqué les débats qui ont précédé le référendum. Si vous avez délégitimé l'usage du référendum, madame la ministre, sans doute en raison de motivations très franco-françaises, il nous semble que le fait de demander son avis au peuple est une condition fondamentale de la démocratie et que l'on doit respecter cette parole, pas seulement par des déclarations, mais par des actes.

Il est vrai que ces débats se sont accompagnés de nombreuses exagérations et de caricatures, comme on en constate aussi parfois dans notre pays : je renvoie au débat que nous avons eu sur l'asile et l'immigration, au cours duquel, pour tenter de convaincre de voter ce texte infâme, un ministre a pu parler de « submersion migratoire ». C'est vrai, il y a eu de la caricature, mais cela ne doit pas cacher que le peuple peut parfaitement comprendre ce qu'on lui demande, et cela ne doit pas non plus occulter les raisons politiques pour lesquelles la crise économique détruit les sociétés ou les services sociaux.

Or on ne peut comprendre les raisons de ce vote sans se reporter à ce qui s'est passé en Grande-Bretagne au cours des trente ou quarante dernières années, avec un processus entamé par Mme Thatcher et poursuivi par M. Blair – qui, me semble-t-il, avec cette idée de « troisième voie », est l'un des inspirateurs, au moins idéologiques, de M. Macron. Aujourd'hui et plus que jamais, parce qu'il s'agit d'une crise importante pour l'Union européenne, nous devons nous interroger sur ces raisons et sur les politiques qui ont conduit à ce résultat, afin de prévoir et d'anticiper les prochaines crises, non seulement en Grande-Bretagne, mais également en France et en Europe.

C'est pour cela que nous avons déposé cette motion de rejet préalable.

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