Intervention de Michèle Léridon

Réunion du mercredi 16 janvier 2019 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Michèle Léridon :

Concernant la présence des femmes dans les médias, j'ai déjà répondu. Je compléterai en rendant hommage au travail de Sylvie Pierre-Brossolette. J'ai réfléchi à ses côtés au sein de différents groupes de travail et instances et suis donc bien placée pour savoir que son action ne s'est pas limitée à une lettre et deux sanctions. Elle a réalisé un important travail de discussion et de persuasion auprès des différents groupes audiovisuels, afin d'améliorer la représentation des femmes au sein des chaînes de télévision.

Le travail doit continuer, y compris auprès des expertes et des femmes politiques elles-mêmes, car elles ont parfois plus de réticences que leurs homologues masculins à s'exprimer et s'interrogent plus sur leur légitimité. Dans le cadre de mes fonctions à l'AFP, j'avais invité des expertes afin de les convaincre de leur légitimité, équivalente à celle de leurs collègues masculins, qui n'ont pas forcément ces préventions !

Vos questions sur la représentativité politique rejoignent celles relatives à l'équité territoriale. Vous avez raison, le regard des médias est sans doute trop parisien. C'est pourquoi nous devons donner plus de place aux informations et programmes régionaux, afin que la diversité des représentants politiques soit plus visible.

Je ne crois pas que les médias médiatisent volontairement certains hommes ou femmes politiques plus que d'autres. Vous connaissez mieux que moi la tradition des Quatre Colonnes. Sans doute certaines personnalités politiques s'y montrent-elles plus que d'autres… Si certaines ou certains d'entre vous estiment qu'ils n'ont pas suffisamment de place dans les médias, je vous invite à le leur faire savoir.

Vous m'avez ensuite interrogée sur les théories du complot. À mon sens, les fake news participent à la manipulation de l'information : l'information diffusée est fausse et, de surcroît, on nous explique qu'on la diffuse parce que les médias nous la cachent… Cette « complotite aiguë » est intrinsèquement liée à la prolifération des fake news.

Il faut soutenir les initiatives qui luttent contre ce phénomène. Ainsi, l'initiative pour la fiabilité de l'information lancée par Reporters sans frontières, et dont l'AFP est partenaire avec l'Union européenne de radio-télévision (UER) et le Global Editors Network, vise à introduire des normes de production journalistique, afin de certifier des médias et de leur ouvrir un certain nombre d'avantages – meilleure visibilité dans les algorithmes, mais aussi auprès des annonceurs, ces derniers étant désireux d'accoler leur nom à des contenus fiables.

Sur le déploiement du DAB+, je vais sortir mon joker car je n'ai pas de réponse. Vous avez raison, on constate une augmentation de la consommation radio en numérique.

Concernant le travail prospectif, le CSA s'en préoccupe déjà. Je le sais car j'ai participé à de nombreuses réunions internationales sur le sujet avec d'autres agences. Les évolutions sont incroyablement rapides : il y a quelques années, on nous expliquait que la consommation de l'information basculait sur internet, puis on nous a parlé des téléphones, des réseaux sociaux – d'abord Facebook, maintenant Snapchat. Les médias tentent d'anticiper ; ils font beaucoup d'efforts pour accompagner cette révolution numérique et continuer à se projeter vers l'avenir.

J'ai évoqué la question du handicap et de la nécessaire amélioration de sa représentation dans la société, qui passe tout à la fois par la hausse du taux d'emploi des personnes handicapées dans les chaînes de télévision et par le renforcement de leur visibilité. Je prends également note de la question de l'accessibilité des programmes : malgré les progrès accomplis, il reste encore du chemin à parcourir.

J'ignore qui étaient les autres candidats déclarés auprès du président de l'Assemblée nationale, mais j'ai en effet participé au débat auquel ont également pris part Léa Salamé de France Inter, des journalistes du Monde et surtout le public, avec lequel nous avons échangé entre autres choses sur les difficultés et incompréhensions survenues au début de la présidence de M. Macron – je pense à la question symbolique de la salle de presse de l'Élysée. Face à l'augmentation du nombre de médias, il a été décidé de remplacer cette salle trop petite par un espace plus grand et fonctionnel, mais la salle en question présentait pour nous l'avantage important d'être située dans la cour de l'Élysée, où les agences de presse peuvent accéder à toute heure du jour et de la nuit. Les échanges avec le public ont été variés : certains étaient d'avis que la presse est trop complaisante, d'autres au contraire – nous étions alors en septembre – estimaient que les médias avaient accordé à l'affaire Benalla une couverture trop importante, voire dangereuse. Ce débat, néanmoins, n'a pas donné lieu à des conclusions ou à des recommandations – ce n'en était d'ailleurs pas l'objet.

Le CSA étant une instance collégiale, il appartient aux membres de s'attribuer les différents dossiers entre eux ; je n'aurai donc pas la prétention d'en revendiquer un dès aujourd'hui. Je me contenterai de dire que j'ai en effet acquis une certaine expérience dans plusieurs domaines – la déontologie, les femmes, la diversité. D'autre part, l'AFP n'est pas un établissement public puisqu'elle possède un statut sui generis, mais elle poursuit une mission d'intérêt général. De ce fait, tout ce qui touche à l'audiovisuel public est susceptible de m'intéresser. Cela étant dit, il est encore trop tôt pour faire acte de candidature en vue de suivre tel ou tel dossier puisque je n'appartiens pas encore au Conseil.

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