Intervention de Jean-Louis Butré

Réunion du jeudi 17 janvier 2019 à 9h30
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Jean-Louis Butré, président de la Fédération pour l'environnement durable (FED) :

Sur le CO2, j'ai entendu un certain nombre d'inexactitudes. L'éolien est une énergie intermittente. Quand on injecte de l'éolien dans le réseau, le rendement dépend du vent. Quand il n'y a pas de vent, il n'y a pas d'électricité. Il faut donc des moyens de substitution. Il ne s'agit donc pas uniquement de regarder le bilan de construction d'une éolienne, mais l'ensemble du fonctionnement de l'éolien sur une période et voir si le bilan CO2 est positif, si l'on veut sauver le climat. Or tous les experts indépendants le disent : l'éolien ne sauve pas le climat, ne diminue pas le CO2 ; au contraire, il l'augmente.

Il suffit de regarder le bilan en Allemagne. L'éolien fonctionne dans ce pays parce que les Allemands ont des centrales à charbon et à lignite en réserve, car eux ont de l'argent. Quand il n'y a pas de vent, ce sont elles qui tournent. En France, il faut savoir ce qu'on veut. La Commission de régulation de l'énergie (CRE) l'a constaté, cette affaire de CO2 n'est pas du tout claire… On est en train de tromper les Français en leur disant qu'avec des éoliennes on sauve le climat.

Je veux bien croire que l'augmentation de distance va un petit peu pénaliser cette industrie, mais expliquez-moi pourquoi la distance de protection de cinq cents mètres imposée pour une éolienne haute de cent mètres reste exactement la même pour une éolienne haute de 250 mètres ! Prenez un décret, ce n'est pas difficile, pour augmenter la distance de protection des habitations à 1 000 mètres, 1 500 mètres, ou une fois et demie la hauteur en bout de pale ; ce sont là des décisions faciles et qui pourraient apaiser la colère qui monte sur le terrain. Car elle va bientôt devenir explosive, et je vous demande instamment de faire baisser cette pression, à défaut de quoi ce ne sont pas des gilets jaunes que vous aurez, mais des protestations locales autrement plus violentes – c'est la société civile qui vous le dit. Vous n'avez pas idée des milliers de remontées que je reçois chaque semaine de gens qui n'en peuvent plus. Vous pouvez ne pas les écouter, mais vous voyez ce que ça donne de ne pas écouter les gens. Ce n'est pas une demande anormale. Vous souhaitez prendre une mesure ? Commencez par augmenter les distances de sécurité.

J'entends dire depuis 2001, par France énergie éolienne et votre prédécesseur, monsieur Perot, que les éoliennes sont au bord de la rentabilité. Les coûts baissaient mais vous aviez toujours besoin des subventions ; aujourd'hui vous êtes presque à l'équilibre économique, mais il faut maintenir les subventions. Mettez fin à toutes les subventions et aux tarifs de rachat préférentiels ! Rappelez-vous que les appels d'offres ne sont valables que pour les parcs de plus de six éoliennes ; à moins de six éoliennes, c'est toujours l'ancien tarif. Que font les promoteurs ? Eh bien, ils construisent un parc de six, plus un parc de six, plus un autre parc de six… Ils ne vont pas s'amuser à construire des parcs plus grands puisque ce sera moins rentable. Supprimez toutes les subventions, nous pourrons alors peut-être commencer à discuter. Aujourd'hui nous ne discutons plus, nous sommes dans la lutte, sur le terrain, pied à pied, éolienne par éolienne, avec tous les moyens juridiques à notre disposition.

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