Intervention de Stanislas Reizine

Réunion du jeudi 17 janvier 2019 à 11h30
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Stanislas Reizine, sous-directeur du système électrique et des énergies renouvelables à la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) du ministère de la transition écologique et solidaire :

Pour commencer, je me propose de vous présenter rapidement notre vision de l'éolien en mer, de la filière, ainsi que notre ambition dans ce domaine.

Je ne rappellerai pas, ici, quels sont les objectifs généraux de la politique énergétique de la France et combien il est important de développer les énergies renouvelables, notamment la filière éolienne. En ce qui concerne l'éolien en mer, nous estimons qu'il a vocation à être développé dans le cadre de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour constituer, à terme, une filière essentielle à la transition énergétique française. Pour l'instant, en France – à la différence d'autres pays européens –, cette filière est actuellement, sur le plan technologique, moins mature que celle de l'éolien terrestre, notamment parce qu'il n'existe aucun parc en fonctionnement. Or elle ne pourra être développée massivement que si l'on obtient des prix compétitifs. C'est pourquoi le Gouvernement a réduit le coût des projets engagés, qui concernent six parcs, et modernisé l'ensemble du cadre réglementaire, en tirant les leçons du passé – je pense au lancement, il y a plusieurs années, de parcs qui n'ont jamais été mis en service – et en offrant une visibilité pluriannuelle à la filière.

Dans cette perspective et compte tenu du fait que les coûts de l'éolien avaient baissé partout en Europe, le ministre de la transition écologique et solidaire a souhaité renégocier les contrats correspondant aux parcs existants, afin de réduire la charge pour le contribuable et de consolider ces projets en s'efforçant de moderniser ce qui pouvait l'être, sachant que le droit ne permet pas de tout modifier. C'est ce qui a été fait l'an dernier ; les décisions d'approbation définitive ont été publiées au Journal officiel fin novembre. Afin de soutenir cette dynamique, nous avons lancé, dans la foulée, le 15 novembre dernier, un nouvel appel d'offres concernant une zone située au large de Dunkerque dont le ministre souhaite désigner le lauréat au cours du premier semestre 2019.

En même temps que nous tirions les leçons des six premiers projets, nous avons examiné ce qui fonctionne en Europe et mené un grand nombre de réformes pour simplifier et favoriser le développement des énergies renouvelables en mer. Ainsi, nous avons créé une autorisation environnementale unique, accéléré le traitement des contentieux – si les six premiers projets accusent un retard très important, c'est en partie parce qu'aucun d'entre eux n'est soldé de recours –, instauré la possibilité d'un dialogue concurrentiel, utilisé pour la première fois à Dunkerque, pour disposer d'offres plus compétitives, et réformé le raccordement. Il est également prévu que, pour les prochains parcs, l'État organisera très en amont la consultation du public à l'échelle d'une façade, afin d'identifier les zones les plus propices et de savoir quelles pourraient être les oppositions locales, de sorte que le projet, une fois dimensionné, soit « dérisqué ». À cette fin, l'État réalisera également une partie des études environnementales : vent, biodiversité, bathymétrie… Il s'agit de « dérisquer » au maximum les projets en amont, de préparer le terrain, pour faciliter le déroulement des futurs projets.

Une fois ce cadre mis en place, nous avons annoncé, dans le projet de PPE qui a été lancé par le Président de la République en novembre, un certain nombre de nouveaux projets qui pourraient être mis en oeuvre au rythme d'un par an. Un premier projet d'éolien posé devrait être ainsi lancé dans la Manche en 2019, après un débat public qui devrait débuter prochainement. Il sera suivi par des appels d'offres commerciaux d'éolien flottant en Bretagne et en Méditerranée ; de telles fermes éoliennes flottantes de grande taille constitueront une première en Europe. Le projet de PPE ouvre ensuite la voie au lancement d'autres projets qui permettraient d'atteindre 5 gigawatts de capacité installée en 2028.

En conclusion, le Gouvernement a conscience que ces filières font l'objet d'attentes extrêmement fortes. De fait, le potentiel est important, la technologie a montré sa maturité en Europe, la France réunit des conditions assez exceptionnelles pour le développement de l'éolien en mer ; sur le plan énergétique, la production est plus régulière qu'à terre. Autant d'éléments qui expliquent que le Gouvernement souhaite soutenir cette filière. Pour l'instant, la politique privilégiée vise plutôt à consolider les premiers projets, à moderniser le cadre réglementaire et à fixer un calendrier réaliste de développement de nouveaux projets, d'un point de vue technologique puis économique. Cependant, le ministre d'État a annoncé à plusieurs reprises que le Gouvernement pourrait envisager une augmentation des capacités dans le futur au cas où la baisse des prix serait supérieure à ce qu'on anticipe aujourd'hui.

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