Intervention de Frédéric Petit

Réunion du jeudi 17 janvier 2019 à 11h30
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Frédéric Petit, président de la commission Offshore de France énergie éolienne :

Il n'y a pas à proprement parler de différence technique entre les éoliennes flottantes et les éoliennes posées : les turbines sont les mêmes, au contrôle-commande près. C'est au niveau de l'ancrage ou du flotteur que se situe la différence. Dans le cas de l'éolien posé, la nature du sol va déterminer le choix d'un monopieu, d'une fondation « en jaquette », c'est-à-dire d'un tripode en forme de tour Eiffel, ou d'une fondation gravitaire. La même diversité de solutions existe pour l'éolien flottant.

Cela étant, je suis convaincu qu'à terme la distinction entre posé et flottant est vouée à disparaître et qu'on ne parlera plus que d'un seul marché éolien en mer, sachant que le soutien public au flottant ne sera pas éternel : il faut donc que ses coûts convergent avec ceux de l'éolien posé.

Pour l'instant cependant, seul l'éolien posé offre un marché très mature, avec des volumes de l'ordre de trois mille mégawatts par an. En revanche, l'éolien flottant a encore besoin de soutien, notamment pour que nos fabricants de flotteurs puissent se positionner sur un marché encore émergent mais qui, nous en sommes convaincus, sera compétitif à terme.

En ce qui concerne la fiscalité, chaque État de l'Union européenne fixe évidemment sa fiscalité en toute indépendance. Ce que je voulais signaler, c'est que les investisseurs ne manquent pas de comparer les conditions fiscales dans les différents pays et qu'il est donc important, pour l'attractivité de notre territoire, de mettre en oeuvre une fiscalité adaptée.

Quant aux objectifs inscrits dans la PPE, ils sont en effet inférieurs à ce que nous attendions. Or, étant donné la compétitivité de l'éolien en mer, tous les autres pays européens sont en train d'accélérer le développement de leurs filières, pendant que nous manquons totalement d'ambition. À ce rythme et malgré l'assouplissement du cadre réglementaire, nous ne parviendrons jamais à égaler les délais en cours aux Pays-Bas ou au Danemark, où, après attribution, les parcs sont livrés en trois ou quatre ans. Nous sommes sur la bonne voie, mais il nous reste encore de sérieux progrès à faire.

En termes de prix, il est en effet intéressant de se référer aux exemples étrangers. Le projet de Kriegers Flak, au Danemark a été attribué en 2017, à 49,90 euros le mégawattheure – prix ferme puisque le closing financier s'est fait. En Allemagne et aux Pays-Bas, les derniers appels d'offres ont été attribués sans aucun mécanisme de soutien, autrement dit à des prix très proches de ceux de l'électricité traditionnelle. Nous sommes donc convaincus que l'éolien en mer, comme aujourd'hui l'éolien terrestre ou le solaire, a déjà gagné la bataille de la compétitivité ; d'où notre volonté d'accélérer sans en rester aux objectifs de la PPE, d'autant que l'éolien en mer permet une production massive, puisque la production d'un parc éolien en mer sera près de deux fois supérieure à celle d'un parc terrestre et plus de trois fois supérieure à celle d'un parc photovoltaïque.

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