Intervention de Christophe Castaner

Séance en hémicycle du mardi 29 janvier 2019 à 9h30
Questions orales sans débat — Demandeurs d'asile

Christophe Castaner, ministre de l'intérieur :

Madame la députée, vous soulevez deux questions : l'une locale et spécifique, l'autre nationale et relative à l'application de la loi asile et immigration adoptée par votre assemblée voilà quelques mois et dont la plupart des dispositions ne sont entrées en vigueur qu'au 1er janvier de cette année, ce qui empêche de prendre la pleine mesure de son exécution.

Votre première question est très particulière, en raison de l'origine des migrants que vous évoquez et de l'histoire particulière qui unit ces Tibétains nouvellement arrivés en France à Conflans-Sainte-Honorine. Dès 2017, en effet, le préfet de région a proposé d'ouvrir un centre d'hébergement d'urgence destiné aux réfugiés et engagé un travail spécifique sur l'intégration de ces réfugiés tibétains.

Cela ne nous exonère pas pour autant de l'obligation de prendre des mesures d'urgence car, comme vous l'avez dit, les nouvelles arrivées suscitent de véritables difficultés. Ainsi, une opération de mise à l'abri de 320 personnes a été menée en décembre 2017 et, à la fin de l'année dernière, en novembre 2018, 290 personnes supplémentaires ont été prises en charge dans le cadre des dispositifs relevant de l'asile que nous devons garantir.

Pour répondre à votre question plus structurelle relative à la loi asile et immigration, je rappelle que cette dernière a pour objectif de faire en sorte que les délais d'enregistrement des demandes d'asile en guichet unique soient drastiquement réduits. Tel est le cas en Île-de-France, où ils sont inférieurs aux trois jours prévus par la loi. Il me semble nécessaire de traiter ce sujet très rapidement, car cette décision ouvre des droits et permet d'organiser les mises à l'abri.

Par ailleurs, le parc d'hébergement des demandeurs d'asile n'était pas au niveau qu'il aurait dû atteindre. Il a doublé en six ans – ce qui n'est pas négligeable – , pour atteindre 86 000 places à la fin de l'année 2018. Au total, les capacités d'hébergement s'élèvent à 91 000 places.

Votre assemblée a voté, au titre du budget alloué au ministère de l'intérieur, la possibilité – et donc la nécessité – de créer 5 500 places supplémentaires. J'ai demandé aux services compétents d'agir vite, notamment en Île-de-France. Le territoire que vous évoquez doit être accompagné dans ce cadre et des places seront créées.

Enfin, vous évoquez à très juste titre l'intégration des migrants. Pendant très longtemps, en effet, dans notre pays, les divers courants de pensée politique se sont opposés au sujet du nombre de migrants que nous pouvons accueillir, sans jamais se préoccuper de leur intégration, question pourtant essentielle et que vous avez soulevée.

À cet égard, nous devons disposer de moyens financiers particulièrement adaptés, notamment pour l'apprentissage du français, qui est la première urgence lorsque des réfugiés s'installent en France.

Le budget que vous avez voté dote mon ministère de moyens exceptionnels, qui doivent être mobilisés : ils le sont, sous l'autorité du préfet, dans les Yvelines comme sur l'ensemble des territoires, afin de trouver les meilleures solutions d'hébergement et d'accompagnement, et donc d'intégration. Nous sommes particulièrement vigilants quant à la situation locale que vous évoquez, qui s'accompagne de tensions et de difficultés humaines pour celles et ceux qui sont accueillis sur votre territoire.

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