Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 29 janvier 2019 à 15h00
Délai d'intervention du juge des libertés et de la détention en rétention administrative à mayotte — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

J'ai un très bon souvenir de Mamoudzou, monsieur Gosselin, et je dis ce que je crois juste pour ce territoire.

J'ai parlé de grande souffrance ; j'ai évoqué les problèmes qui me paraissaient les plus criants : la forme de l'habitat, l'eau potable… J'en viens à la question des mineurs abandonnés. La loi a en quelque sorte décentralisé le traitement de cette question aux départements. Or le département de Mayotte ne peut pas faire face tout seul à 5 000 enfants abandonnés, ce n'est pas possible. Il faut donc qu'on lui donne des moyens supplémentaires pour accueillir ces enfants, les éduquer et les choyer, sur place. Car, comme ma collègue Danièle Obono l'a si bien dit tout à l'heure, il ne peut pas être question de retirer ces enfants de l'intense circulation des populations dans cet archipel, où les parentèles ne suivent pas la carte des identités nationales.

Au demeurant, la langue, la religion, les liens font que l'histoire est un peu plus compliquée qu'on ne peut le croire depuis la métropole. Il faut voler à leur secours.

J'ai parlé, il y a un instant, de la question de la pêche. Nous autres Français avons le deuxième territoire maritime du monde, mais nous avons aussi, à Mayotte, le deuxième lagon du monde. On ne peut pas continuer à accepter la situation qui prévaut dans cet environnement. L'accord de pêche est quasiment suspendu – je le crois suspendu de fait – parce que, depuis 2017, les pêches illégales et la piraterie rendent impossible un fonctionnement normal.

L'accord lui-même doit être rediscuté. Je ne suis d'accord pour qu'on vende comme cela un poisson qu'on n'a pas encore pêché et que l'on donne des droits à des gouvernements qui n'ont pas toujours apporté la preuve qu'ils en feraient le meilleur usage – après quoi, on passe et on racle tout ce qu'il y a, de sorte qu'à la fin, il n'y a plus rien pour personne.

Or la pêche artisanale est un des ressorts de l'économie locale. Peut-être que, vu de très loin, cela peut paraître dérisoire ou peu important. Vu de près, c'est fondamental. Des tas de gens, des tas de villages, des tas de familles en vivent. On ne peut pas continuer comme ça.

Quant à la piraterie, on rêve ! Comment ? Nous allons être défiés ? Par qui ? Nous n'avons pas les moyens de nous défendre ? Mais au fait, oui, c'est vrai : nous n'avons pas les moyens…

Savez-vous quels moyens de protection s'est donnés la France sur son propre territoire maritime aujourd'hui ? Pour que vous en ayez une idée, collègues, et que vous compreniez la passion que je peux consacrer à cette question, ils équivalent à ce que seraient, pour assurer la protection du territoire hexagonal, deux voitures de police. Oui, seulement deux voitures de police !

Tels sont les moyens dont nous disposons pour faire respecter des zones économiques exclusives.

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