Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 29 janvier 2019 à 15h00
Délai d'intervention du juge des libertés et de la détention en rétention administrative à mayotte — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Je vais vous dire franchement les choses auxquelles je crois, mais vous me connaissez. Nous déposerons un amendement sur le droit du sol, car nous ne sommes pas d'accord pour que l'on réduise ce droit. Pour ma part, j'en ai par-dessus la tête d'entendre dire que les Comoriens seraient tellement stupides qu'ils penseraient que, s'ils font leurs enfants à Mayotte, ceux-ci seront automatiquement français. La loi française ne le permet pas. Si les gens se renseignent un tant soit peu, ils le savent : on ne peut pas, hélas ! avant l'âge de seize ans, avoir la nationalité de l'endroit où l'on vit.

Je dis « hélas ! », parce que j'ai toujours été partisan d'un droit du sol intégral et absolu. Revenons à la vieille tradition française : « Qui touche la terre de France est libre » ! C'est ce qu'on disait aux serfs. C'est aussi ce qu'on a dit après la grande révolution de 1789. Et je vous mets au défi de m'expliquer quel problème cela poserait à la patrie.

Je parle non de Mayotte, mais du territoire de la patrie en général, de l'hexagone, pour être plus précis. Quel problème cela nous pose-t-il ? Je suis partisan du fait qu'on fasse France de tout bois. Il y a place pour tous ceux qui veulent bien, dans le pacte liberté, égalité, fraternité, mettre leur intelligence et leur dévouement au service du bien commun.

Les Français n'ont pas à avoir peur. Il n'est pas vrai qu'ils seraient submergés. L'affirmer, c'est faire croire que les gens ont plaisir à s'en aller de chez eux, ce qui est faux. Le droit du sol doit être rétabli à Mayotte comme il est établi ailleurs. Je ne vois pas pourquoi l'on rajoute des clauses qui ne feront qu'empoisonner la vie des Mahorais.

Car comment ferez-vous pour vérifier que le père ou la mère de celui-ci, qui vous demande d'être français, a des papiers en règle ? Ce sont des histoires ingérables : 45 % de la population d'origine étrangère qui se trouve sur le sol de Mayotte est en situation irrégulière, n'est-ce pas ? Alors, que va-t-on faire ? Augmenter encore les chicayas, les raisons de paperasses, de discussions sans fin ?

Quand on est un petit Français, on se sent français, et c'est quelque chose de mortifiant que de s'entendre dire qu'on ne l'est peut-être pas, que l'on n'est peut-être pas comme les autres. Tous ceux qui ont connu l'immigration, quelle qu'en soit la forme, le savent.

Un enfant, un jeune, surtout à quinze ou seize ans, a d'abord envie d'être comme les autres, de mener sa vie, de la mener bien et, puisqu'il est en France, de la mener comme un Français, puisque le français est souvent la seule langue qu'il parle, à condition qu'on la lui ait enseignée. Dans ce domaine, tout retard pris – et nous en prenons – est du malheur pour demain.

J'espère avoir parlé plus largement que d'un seul point de vue partidaire. Sans doute me reprochera-t-on une fois de plus de m'être écarté du sujet. Peu me chaut. Réellement, je ne me voyais pas faire autrement, compte tenu de l'affection que j'ai pour Mayotte et alors que je connais les histoires tendres qui émaillent son histoire et celle des Comores.

Tout le monde a oublié cette pauvre princesse de Mohéli…

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