Intervention de David Habib

Séance en hémicycle du mercredi 30 janvier 2019 à 15h00
Prévention et sanction des violences lors des manifestations — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDavid Habib :

Ce texte et cet article suscitent un sentiment de malaise.

Comme l'a dit tout à l'heure Mme Dupont, nous avons le sentiment que le risque d'inconstitutionnalité est réel – elle a d'ailleurs évoqué la question de la proportionnalité. Beaucoup se sont également exprimés pour souligner l'inutilité de cette proposition de loi, en faisant référence à d'autres dispositifs législatifs, comme la loi du 14 mars 2010.

Lorsqu'il occupait d'autres fonctions et qu'il était préfet dans mon département, M. le secrétaire d'État a peut-être même pris, fort des dispositifs existants, des dispositions qui pourraient être contenues dans ce texte – je pense aux moments où, dans le Pays basque, la situation était peut-être plus tendue qu'elle ne l'est aujourd'hui. Nous n'avons donc pas besoin d'ajouter quoi que ce soit à l'arsenal juridique actuel.

Le plus grave, et chacun le sait, c'est que l'on ne réglera pas le problème des casseurs avec ces dispositions et c'est l'application qui pourrait être faite de ces dernières sur les autres manifestants.

J'évoquais hier la loi de 1970 et les propos tenus alors par François Mitterrand, qui appelait celles et ceux qui s'apprêtaient à prendre ces dispositions à respecter un scrupuleux équilibre entre la liberté de manifester et le devoir de sécuriser les biens et les personnes.

Or, vous créez un déséquilibre en favorisant de surcroît l'autorité administrative – nous pourrons y revenir tout à l'heure. Même si la possibilité de contrôle du juge administratif existe, comme cela a été rappelé, notre arsenal juridique a jusqu'ici privilégié l'intervention du juge judiciaire par rapport à celle du juge administratif.

Vous commettez une erreur, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État même si personne ici – en tout cas, pas moi – n'a la volonté de vous accuser d'une dérive autoritaire.

Vous vous soumettez tout simplement à une pression médiatique et à la pression de la droite, ce qui est une erreur.

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