Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du jeudi 31 janvier 2019 à 9h30
Expérimentation territoriale pour un revenu de base — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Ensuite, le caractère inconditionnel de l'aide et le droit affirmé à un accompagnement face aux difficultés constituent le nécessaire renversement d'un parti pris, celui de l'aptitude de chacune et de chacun à prendre sa place, a contrario des logiques de culpabilisation et de punition qui prévalent aujourd'hui, par exemple quand il s'agit d'évoquer l'assurance-chômage.

Enfin, il faut ouvrir des droits véritables pour les jeunes, lesquels sont jusqu'ici exclus de dispositifs véritablement efficaces, ce qui entrave leur capacité à se projeter dans l'existence et même à vivre pleinement leur jeunesse.

Nous avons émis des doutes sur la fusion d'allocations qui ont des raisons d'être distinctes : comment un dispositif unique pourrait-il mieux répondre à la diversité des situations qui appellent à une solidarité ? Par ailleurs, même si tel n'est pas le dessein de cette proposition de loi, nous avons vu le Président de la République évoquer avec des lumières dans les yeux le « pognon de dingue » que l'on dépenserait en aides sociales et nous savons que se préparent des fusions à sa façon visant à réduire un certain nombre de droits. Nous avons donc tendance à penser que ces trois intuitions pourraient être concrétisées efficacement sans fusion.

Mais l'existant ne saurait en aucun cas nous satisfaire. Par conséquent, le débat que les auteurs de ce texte veulent alimenter par l'expérimentation nous intéresse. Il doit grandir. Il doit prospérer. Nous avons des propositions à y présenter : tout d'abord, développer l'automaticité des aides, amplifier les dispositifs d'accompagnement humain, créer une allocation d'autonomie pour la jeunesse et garantir une aide au logement plus efficace, mais aussi, plus largement, pousser plus loin la grande idée de la sécurité sociale, si abîmée par les réformes successives, en assurant des droits tout au long de la vie, pousser plus loin, et en la sécurisant, la réalisation des parcours de vie dans l'emploi ou dans la formation, pousser plus loin l'édification de services publics de notre temps, démocratisés pour établir l'égalité des droits, en y insufflant de la gratuité pour leur donner un dynamisme à la hauteur des enjeux dans tous les domaines cruciaux de l'existence, qu'il s'agisse des transports, du logement, de l'énergie ou de l'eau, et ainsi accréditer ce qui fait de nous des égales et des égaux plutôt que des bénéficiaires. Il s'agit de rassembler autour de notre bien commun. Cela vaut bien qu'on en discute et qu'on n'en reste pas à l'état actuel des choses où celles et ceux que maltraite le système sont contraints de quémander leurs droits, c'est-à-dire le droit de vivre, tandis que les puissants croient pouvoir ne jamais rien céder, ni le pain ni la liberté.

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