Intervention de Cyrille Isaac-Sibille

Séance en hémicycle du jeudi 31 janvier 2019 à 9h30
Mesures d'urgence contre la désertification médicale — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCyrille Isaac-Sibille :

Un vrai problème, de mauvaises solutions – parfois même contre-productives : le phénomène de la désertification médicale est une réalité qui doit constituer notre priorité.

Bien que les données dont nous disposons indiquent que les professionnels de santé sont nombreux et que leur effectif a augmenté à un rythme plus élevé que celui de la population au cours des quarante dernières années, ces chiffres masquent d'importantes – et persistantes – disparités géographiques.

Si nous prenons en considération l'ensemble des médecins, nous observons en 2016 un niveau d'inégalités similaire à celui de 1983 ! Les écarts de densité entre départements sont de un à deux pour la médecine générale et de un à sept pour les infirmiers.

Ils se creusent encore davantage aux échelons plus fins. Plus spécifiquement, pour l'accès aux gynécologues et aux ophtalmologues libéraux, l'offre disponible dans les grands pôles urbains est de sept à neuf fois supérieure à celle disponible dans les communes isolées. Ces chiffres témoignent d'inégalités territoriales de santé frappantes.

Autre tendance inquiétante : le vieillissement de la profession. En 2016, plus d'un quart des médecins sont âgés de plus de soixante ans et les médecins âgés de moins de quarante ans ne représentent qu'un cinquième des effectifs.

Conséquence de la diminution du nombre de médecins généralistes libéraux en exercice et des départs en retraite, le nombre de zones à accessibilité faible augmentera au cours des années à venir. Cette situation s'étendra progressivement à de nouveaux territoires. Ainsi, nous ne pouvons que tomber d'accord : la lutte contre les problèmes posés par la désertification médicale au moyen de nombreux mécanismes est une priorité.

Toutefois, certaines mesures proposées par notre collègue Guillaume Garot ne nous semblent pas aller dans le bon sens. Nous avons examiné l'article 1er en commission et voté sa suppression.

En effet, le conventionnement territorial est une réponse administrative à un problème d'attractivité. De surcroît, à mes yeux, ce n'est pas celle des territoires qui pose problème, mais celle de la médecine libérale.

À l'issue de leurs études, quel choix est offert aux jeunes médecins sortant de la faculté ? Il peuvent travailler à l'hôpital, lequel offre des milliers de postes vacants – ils ont l'embarras du choix ! Ils peuvent être salariés – on leur adresse des offres alléchantes.

Enfin, il peuvent opter pour la médecine libérale. Or l'exercice libéral de la médecine n'est plus attractif. Alors même qu'il est souple, un nombre croissant de contraintes pèsent sur lui.

Rappelons que les médecins généralistes – et de nombreux spécialistes – sont des médecins libéraux. À mes yeux, le problème réside dans l'attractivité de la médecine libérale. La véritable solution consiste à l'accroître en libérant celle-ci des contraintes pesant sur les médecins libéraux et en facilitant leur travail. Tel est l'un des objectifs du projet de loi santé que présentera prochainement Mme la ministre de la santé.

La solution consiste également à écouter les professionnels. Monsieur le rapporteur, j'ai été frappé, lors de nos auditions, par ce qui m'a semblé être un manque de communication entre eux et vous. Ils ont avancé des propositions que vous n'avez pas écoutées.

Celles-ci visaient à inciter les étudiants issus de zones sous-denses à revenir s'installer dans leur territoire. À l'heure actuelle, la majorité des étudiants en médecine sont issus des métropoles et non des territoires ruraux. Ils vous l'ont dit, mais vous ne les avez pas écoutés.

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