Intervention de Agnès Buzyn

Réunion du mardi 26 septembre 2017 à 16h30
Commission des affaires sociales

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Madame Genevard, de très nombreux rapports scientifiques ont été produits mettant en lumière le rôle néfaste des écrans sur le développement des très jeunes enfants et sur l'augmentation de la sédentarité, avec les incidences que l'on sait sur les risques de surpoids ou d'obésité. Nous prévoyons donc naturellement dans le plan national de santé publique qui vous sera présenté en mars prochain un volet prévention comportant un axe de travail sur l'addiction aux écrans des tout-petits. Nous y travaillons d'ores et déjà avec Jean-Michel Blanquer, très mobilisé sur cette question pour ce qui concerne les enfants en âge scolaire.

S'agissant de l'activité physique adaptée, il est clair qu'aujourd'hui les médecins traitants sont très mal outillés pour la prescrire. C'est la raison pour laquelle, lorsque j'étais présidente de la Haute autorité de santé, j'avais lancé un programme d'aide à la prescription de mesures de prévention par les médecins généralistes ou spécialistes, centré prioritairement sur la prescription de l'activité physique adaptée et sa prise en charge. Ce travail, au sujet duquel la HAS rendra ses conclusions au printemps prochain ne se limite pas au sport mais englobe également la diététique ainsi que de nombreuses autres mesures de prévention, qu'il faut évidemment accompagner d'outils à destination de l'ensemble des professionnels de santé. Un ensemble de bonnes pratiques doivent être identifiées scientifiquement pour aider les médecins dans leurs prescriptions et mieux former les étudiants. La formation dispensée en faculté de médecine est en effet très lacunaire aujourd'hui.

Pour ce qui est de la prise en charge de l'activité physique adaptée, si elle n'est pas systématique, c'est qu'il reste à clarifier ce qui est vraiment utile au malade. S'il a bien été prouvé qu'elle réduisait le risque de récidive après un cancer du sein, ce n'est pas avéré pour tous les cancers.

Monsieur Juanico, vous avez évoqué le FIR. Le plan cancer prévoit qu'il puisse en effet financer une partie des soins de support, par l'intermédiaire des centres de coordination en cancérologie (3C) mais, là encore, l'activité physique adaptée n'est concernée que pour les pathologies dans lesquelles elle a scientifiquement prouvé son efficacité. Pour celles dont ce n'est pas le cas, il est indispensable en effet de s'assurer qu'elle n'est pas, au contraire, contre-indiquée, même si nous avons intuitivement le sentiment que l'activité physique est toujours bénéfique.

Se pose par ailleurs la question de la nature même de cette activité physique adaptée : doit-on envisager pour le patient une activité spécifique pratiquée avec un coach sportif où s'agit-il simplement de l'inciter à bouger ou à marcher quotidiennement ?

Cela revient à nous interroger sur ce qui doit être réellement pris en charge, en cas de prescription d'une activité physique. Si l'on connaît l'utilité de l'activité physique adaptée dans la prévention secondaire de certaines maladies, en matière de prévention primaire, on parlera simplement d'activité physique. Or il n'y a pas lieu a priori de considérer que l'activité physique doit être remboursée par la sécurité sociale. Il faut surtout en développer la pratique, faire évoluer les mentalités ou mettre en place des programmes incitatifs adaptés, comme cela se fait dans d'autres pays – je pense en particulier au plan « marche » qui, au Danemark, a permis de mobiliser la population, grâce notamment à des aménagements urbains destinés à faciliter les déplacements à pied.

Il faut donc rembourser certains soins et accompagner le développement de certaines pratiques, mais les financements devront s'adapter en fonction des pathologies, sachant que l'assurance maladie ne peut assumer seule la totalité des prises en charge.

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