Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du mardi 5 février 2019 à 15h00
Débat sur l'accès aux droits sociaux

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

J'aurais pu vous lire l'intervention très bien rédigée que j'avais préparée au nom du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, mais j'ai décidé de m'écarter du texte, dans l'espoir de bousculer un peu cet hémicycle clairsemé. Je ne sais pas si vous avez lu le dernier livre d'Édouard Louis, Qui a tué mon père, et si vous ne l'avez pas fait, je vous le recommande. Pour vous en donner l'envie, je vais vous en lire un court passage.

« Un jour en automne, la prime de rentrée scolaire qui était versée tous les ans aux familles, pour les aider à acheter des fournitures, des cahiers, des cartables, avait été augmentée de presque cent euros. Tu étais fou de joie. Tu avais crié dans le salon : « On part à la mer ! », et on était partis à six dans une voiture de cinq places. J'étais monté dans le coffre comme un otage dans les films d'espionnage, c'était ce que je préférais. Toute la journée avait été une fête ! Chez ceux qui ont tout, on n'a jamais vu une famille aller voir la mer pour fêter une décision politique, parce que pour eux, la politique ne change presque rien – je m'en suis rendu compte quand je suis allé vivre à Paris loin de toi. Les dominants peuvent se plaindre d'un gouvernement de gauche, ils peuvent même se plaindre d'un gouvernement de droite. Mais un gouvernement ne leur cause jamais de problèmes de digestion. Un gouvernement ne leur broie jamais le dos. Un gouvernement ne les pousse jamais à aller voir la mer. La politique ne change pas leur vie, ou si peu. Ça aussi, c'est étrange : c'est eux qui font de la politique, alors que la politique n'a presque aucun effet sur leur vie. Pour les dominants, le plus souvent, la politique est une question d'esthétique, de mode, une manière de se penser, une manière de voir le monde, de construire par sa personne. Pour nous, c'était vivre ou mourir ».

Vous posez un diagnostic, avec lequel nous sommes plutôt d'accord, sur le non-recours et le renoncement aux droits. Effectivement, on compte chaque année 5,3 milliards d'euros de RSA qui ne sont pas dépensés, et un salarié du privé sur cinq renonce à un arrêt maladie pourtant prescrit. Quant à la fraude sociale – que certains de nos collègues mettent sur le même plan que la fraude fiscale, ce qui me paraît une inacceptable provocation de classe – , son montant ne représente que 3 % du montant total de la fraude détectée. Le taux de pauvreté monétaire en France – c'est-à-dire la proportion de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté – s'élève, lui, à 14 %.

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