Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du mardi 5 février 2019 à 21h30
Questions sur l'action policière pendant les mobilisations des gilets jaunes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Monsieur le secrétaire d'État, voilà maintenant plus de trois mois que dure un mouvement de contestation populaire inédit dans notre pays, celui des gilets jaunes. Ce mouvement s'élargit car, quelle que soit la couleur du gilet, il porte en lui une exigence de justice sociale et fiscale et de refondation de nos institutions incompatible avec le cap qu'Emmanuel Macron entend maintenir coûte que coûte.

Vous savez pertinemment que ce mouvement n'est pas d'essence violente et que les violences commises par les manifestants sont minoritaires. C'est donc pour mieux le décrédibiliser que vous avez tenté de réduire ce mouvement à la violence. Par tous les moyens, vous avez même tenté de dissuader d'y participer, M. Castaner allant jusqu'à inventer de toutes pièces un délit de complicité pour celles et ceux qui participeraient pacifiquement à des manifestations qui donneraient lieu par ailleurs à des violences !

Votre rôle, monsieur le secrétaire d'État, n'est pourtant pas de dissuader de manifester, mais au contraire de réunir les conditions du plein exercice du droit fondamental de manifester. Oui, c'est votre rôle de veiller à ce que puissent avoir lieu des manifestations contre votre propre politique, et non de réprimer ces manifestations !

Aujourd'hui, vous avez franchi une nouvelle étape dans la dérive autoritaire qui caractérise désormais votre action, en restreignant le droit de manifester. Monsieur le secrétaire d'État, en République, les forces de l'ordre, comme il est coutume de les désigner, sont d'abord les gardiens de la paix. Et en République, les gardiens de la paix obéissent aux ordres et ne doivent faire que cela. Par conséquent, ils ne sauraient être tenus pour responsables de la situation intolérable que vous niez : c'est votre responsabilité politique qui est engagée.

Le 14 janvier dernier, ici même, M. le ministre de l'intérieur déclarait ne connaître aucun policier qui ait attaqué des gilets jaunes. Dans ce cas, qu'avez-vous à dire précisément, monsieur le secrétaire d'État, au sujet des 7 000 interpellations, souvent sans suites judiciaires, des 9 228 tirs de lanceurs de balles de défense, des 1 900 blessés, du décès, des éborgnés, des mains arrachées, de ce que les médecins appellent des « blessures de guerre »…

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