Intervention de Sébastien Chenu

Séance en hémicycle du mardi 5 février 2019 à 21h30
Questions sur l'action policière pendant les mobilisations des gilets jaunes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Chenu :

Samedi après samedi, les Français crient leur désespoir dans les rues. Sourd aux revendications légitimes des gilets jaunes, le Gouvernement répond par une loi de circonstance, restrictive des libertés, inefficace et peut-être même anticonstitutionnelle.

On dénombre près de 1 900 blessés chez les manifestants et 1 200 chez les forces de l'ordre. Bien évidemment, le Rassemblement national condamne fermement les violences dont sont victimes les gilets jaunes mais aussi les forces de l'ordre. Nous n'oublions pas les autres victimes, notamment les commerçants qui ont vu leur outil de travail détruit en pleine période d'achats de Noël et de soldes.

L'utilisation des armes dites intermédiaires, lanceurs de balles de défense et grenades de désencerclement, est à l'origine de nombreuses mutilations chez des manifestants pacifiques qui n'étaient pas venu en découdre. Il faut donner aux forces de l'ordre et à leurs représentants la capacité d'analyser et d'évaluer si les moyens matériels mis à leur disposition sont encore pertinents et si la doctrine actuelle de maintien de l'ordre l'est elle aussi. Encore faudrait-il qu'un dialogue permanent existe entre le ministère de l'intérieur et les représentants syndicaux. Or tel n'est pas le cas, d'après les syndicats, car il n'y a en réalité aucune vision claire du maintien de l'ordre dans notre pays – mais peut-être cela est-il voulu.

La loi de circonstance que l'Assemblée nationale vient d'adopter s'ajoute inutilement à des dispositifs législatifs qui permettraient de lutter efficacement contre les casseurs s'ils étaient appliqués. Cette loi, qui ne protégera ni nos concitoyens ni les forces de l'ordre, restreindra en revanche le droit de manifester. L'article 2 permet désormais au préfet de juger de la dangerosité d'un citoyen puis de lui retirer des droits individuels fondamentaux. Je l'ai déjà dit, de nombreuses dispositions légales existent en matière de lutte contre les casseurs, il faut les appliquer.

Le Gouvernement a la possibilité d'arrêter les manifestations du jour au lendemain en trouvant une sortie politique au conflit. Cela fait trois mois que la situation perdure, et vous êtes incapables de ménager cette sortie politique, préférant laisser nos compatriotes s'affronter. On est loin de la « bienveillance » macroniste ! Aussi, nous vous demandons quelle stratégie respectueuse des libertés publiques vous comptez appliquer pour sortir le pays du chaos dans lequel vous l'avez plongé.

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