Intervention de Laure de La Raudière

Séance en hémicycle du mercredi 6 février 2019 à 15h00
Débat sur l'école dans la société du numérique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaure de La Raudière :

Tout d'abord, permettez-moi de remercier le groupe du Mouvement démocrate et apparentés et le rapporteur La République en marche de la mission d'information sur l'école dans la société numérique d'avoir inscrit ce sujet à l'ordre du jour. Il s'agit d'un enjeu majeur pour l'avenir de nos enfants.

Jamais la société n'a subi de changements aussi profonds en aussi peu de temps, que depuis l'arrivée de l'internet. Nous vivons une époque totalement inédite, dans laquelle chaque citoyen connecté peut entrer en contact avec le monde entier, soit pour exprimer ses idées – vraies ou fausses – , soit pour entreprendre une activité économique. Le numérique réinvente la société. Il faut bien évidemment que nos institutions – pour la plupart d'entre elles encore restées dans le mode de fonctionnement du XXe siècle – s'adaptent à l'ère du numérique et se transforment. L'éducation ne saurait échapper à cette transformation en profondeur.

Je voudrais évoquer aujourd'hui deux enjeux majeurs liés au numérique et à l'éducation.

Le premier est le socle de connaissances nouvelles que tous nos enfants doivent absolument maîtriser pour être des citoyens responsables dans cette nouvelle société. Il me semble que le rapport d'information sur l'école dans la société numérique ne traite que partiellement ce sujet.

Les compétences et connaissances nouvelles à maîtriser par tous collégiens en fin de troisième devraient être à mon avis les suivantes. Premièrement, la compréhension du fonctionnement de l'internet – ce n'est pas « magique » – et de la façon dont les grands acteurs de l'internet se rémunèrent tout en proposant quotidiennement des services prétendument gratuits : en réalité, ce n'est pas « gratuit ». Deuxièmement, la façon de qualifier l'information, la recherche de sites fiables, la nécessité de croiser les informations, la date de publication ; bref, savoir chercher et exploiter des informations sur l'internet. Troisièmement, la connaissance du code informatique, non pour que tous les collégiens deviennent développeurs, mais pour que ce soit un outil de compréhension du numérique et que cela suscite des vocations. Quatrièmement, la façon de bien utiliser les réseaux sociaux – c'est fort bien évoqué dans le rapport. Cinquièmement, la capacité à gérer son identité numérique : quelle image je donne de moi-même sur l'internet ? Pourrai-je être encore fier de ce que j'y ai publié dans quelques années ? Enfin, sixièmement, savoir créer un site internet, comprendre les astuces de base du référencement, savoir communiquer sur l'internet et organiser une campagne de crowdfunding : quel que soit le métier qu'exerceront les jeunes plus tard, ils devront comprendre l'importance d'avoir une vitrine sur l'internet et maîtriser un minimum de compétences pour pouvoir dialoguer avec les prestataires susceptibles de réaliser un site.

Je souhaiterais vous faire une proposition, monsieur le ministre. Je sais que l'éducation nationale n'a pas de nouveaux moyens à accorder à ces nouveaux programmes. C'est pourquoi je vous suggère de transformer le cours de technologie – au moins pour 50 % du temps qui lui est consacré – en cours d'humanités et techniques numériques. C'est une urgence, une nécessité ; ce devrait être une priorité que tous nos jeunes maîtrisent ces compétences. Qu'en pensez-vous ? Je sais que le cours de technologie intègre déjà une part d'enseignement de l'informatique, mais il faudrait une ambition bien plus forte et transformer le cours de technologie de sorte que l'ensemble des collégiens maîtrisent les humanités numériques nécessaires à leur vie future.

Le deuxième enjeu majeur lié au numérique et à l'éducation que je souhaite évoquer avec vous ce soir, à l'occasion de ce débat, est l'apport du numérique en matière de pédagogie et d'apprentissage. Les outils et supports pédagogiques évoluent eux aussi à l'ère du numérique et offrent de nouvelles perspectives d'enseignement qui doivent être mobilisées pour la réussite de nos enfants. L'enjeu est de mettre les nouvelles technologies au service de la réussite scolaire.

La collecte et l'analyse des données, l'intelligence artificielle, le choix quasi-infini d'exercices que peut offrir le numérique sont de nature à révolutionner l'enseignement en l'orientant vers une approche plus personnalisée, ciblée sur les savoirs à acquérir par chaque enfant. Les nouvelles technologies permettent de définir des supports pédagogiques sur mesure, avec un contenu personnalisé qui s'adapte en permanence au rythme d'apprentissage de chacun des élèves. Des décrocheurs aux bons élèves, c'est pour tous un bénéfice. Ces outils se prêtent déjà bien à l'enseignement des mathématiques, du français et des langues vivantes, mais cela nécessite un changement complet de la façon d'enseigner.

Le ministère de l'éducation nationale a lancé en juillet 2017 avec la Caisse des dépôts et consignations un partenariat d'innovation à hauteur de 6 à 8 millions d'euros pour financer la recherche et développement de six solutions innovantes pour l'apprentissage du français et des mathématiques en primaire. Quels sont les résultats de ces projets pilotes ? De façon plus générale, quelle stratégie et quels moyens le Gouvernement envisage-t-il d'utiliser pour déployer massivement ces applications numériques et la personnalisation de l'enseignement grâce à l'intelligence artificielle ?

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