Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du mercredi 6 février 2019 à 15h00
Débat sur l'école dans la société du numérique

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Cette question est importante parce qu'elle me permet de rappeler qu'il ne faut pas opposer les choses les unes aux autres. Nous pouvons vivre dans une société qui est qualifiée de numérique tout en faisant droit aux enjeux éternels du développement de l'enfant, dont relèvent le rapport physique aux objets et leur manipulation, dès la maternelle – nous insistons beaucoup sur ce point, y compris pour l'apprentissage des savoirs les plus abstraits. Ainsi, dans le plan mathématiques qui fait suite au rapport Villani-Torossian, l'accès aux mathématiques est encouragé à travers la manipulation, à l'école maternelle, d'objets comme le boulier, les cubes ou les poids et mesures.

Cette dimension inductive, qui va du concret à l'abstrait, est très importante dans toutes les disciplines. Aujourd'hui même, le ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse a installé dans ses murs un laboratoire de chimie éphémère, où des élèves de BTS apprennent à des élèves du primaire à réaliser des expériences chimiques. De même, la fondation La main à la pâte, qui est gérée par l'Académie des sciences en partenariat avec l'éducation nationale, a permis à des milliers d'enfants de développer l'approche expérimentale dans les écoles primaires.

Si l'approche manuelle et inductive, qui comprend également les travaux manuels, que vous avez évoqués, est essentielle, elle ne s'oppose pas au développement du numérique, tout d'abord parce que le numérique peut être au service de cette approche : il est possible d'accéder à des patrons de couture grâce à l'informatique ou de réaliser physiquement des exercices à partir d'un modèle numérique, grâce notamment à la technologie 3D.

Nous devons faire comprendre aux enfants la complémentarité de ces différentes approches afin qu'ils n'entrent pas dans un monde déréalisé. Aujourd'hui déjà, à l'école maternelle ou élémentaire, des enfants mettent le doigt sur une image en pensant, par exemple, qu'ils tourneront ainsi une page, parce que les tablettes les y ont habitués. C'est là un exemple de déréalisation du monde induite par un usage excessif du numérique. L'école doit provoquer un rééquilibrage. C'est pourquoi nous insistons tant, aussi, sur un usage limité des écrans à l'école et au collègue.

L'interdiction du téléphone portable au collège n'avait pas d'autre motivation. Ses premiers effets sont notoires dans les établissements que j'ai visités et qui la pratiquent. Elle favorise le retour des enfants à la sociabilité comme au centre de documentation et d'information. Les fruits de cette interdiction sont ceux que nous attendions.

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