Intervention de Didier Guillaume

Séance en hémicycle du jeudi 7 février 2019 à 9h30
Questions sur la mise en oeuvre de la loi agriculture et alimentation

Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation :

Vous travaillez depuis longtemps sur ces sujets passionnants, monsieur le député, vous les connaissez bien et je vous remercie de votre question.

L'objectif de la loi EGALIM, c'est de changer les pratiques. Ce que veulent le Gouvernement et les députés de la majorité, comme d'ailleurs tous les députés, c'est la mutation de notre agriculture. Elle est bonne ! Mais nous devons passer du quantitatif du XXe siècle au qualitatif du XXIe siècle. Après la guerre, nous avons demandé aux paysans français de nourrir la France et l'Europe. Nous n'en sommes plus là : nous leur demandons aujourd'hui de la qualité. Et nous devons être fiers de cette agriculture de qualité !

Les parlementaires les plus anciens et les gouvernements précédents ont compris la nécessité d'une transition agroécologique. On ne peut pas continuer à déverser dans les sols les mêmes quantités de produits phytopharmaceutiques ! Nos sols sont en pleine détresse ; ils sont parfois dans un état catastrophique, parce que l'on a mal travaillé, parce que l'on a renoncé aux couverts, parce que l'on fait de grands labours – alors qu'il faut faire de l'assolement, des rotations… C'est la base de l'agronomie ! Voilà la direction dans laquelle nous devons aller – et la plupart des agriculteurs travaillent déjà de cette façon. Si je me bagarre contre l'agri-bashing, et pour défendre les agriculteurs, c'est parce que je n'en connais pas un seul qui soit là pour polluer les sols et l'air ! Ils vivent à la campagne, ils savent de quoi il retourne ! Mais ils ont un modèle, et ce modèle doit changer. C'est la raison des plans Écophyto successifs.

Les résultats ne sont pas satisfaisants, je vous le dis comme je le pense. Mais nous avons enclenché un processus vertueux. Vous vous y êtes vous-même impliqué. La séparation entre la vente et le conseil que vous avez votée est indispensable – non pas pour montrer qui que ce soit du doigt, non pas pour laisser penser que certains se rempliraient les poches en vendant des produits phytopharmaceutiques ! Les agriculteurs sont intelligents, et ces produits coûtent cher : pourquoi en utiliseraient-ils plus qu'il n'en faut ?

Mais cette mutation est indispensable. Avec la séparation de la vente et du conseil, tout sera plus clair. Quant aux certificats d'économie de produits phytopharmaceutiques – CEPP – , le dispositif évolue : la pénalité de 5 euros sera supprimée, pour ne pas imposer une double peine aux agriculteurs. Pas question de leur demander de payer encore plus ! Mais le principe de la reconnaissance d'actions vertueuses alternatives à l'utilisation de produits phytopharmaceutiques, grâce aux CEPP, demeure. Je crois que ces mesures vont dans le sens que vous souhaitez, monsieur le député.

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