Intervention de Maina Sage

Séance en hémicycle du jeudi 7 février 2019 à 9h30
Débat sur la montagne d'or — Débat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaina Sage :

Merci, monsieur le ministre d'État, pour ces premières réponses. Vous avez raison de rappeler l'ampleur de l'orpaillage illégal et clandestin : nous ne voulons pas que l'opposition à ce projet soit l'arbre qui cache la forêt. Mais on nous explique que ce projet servirait à lutter contre l'orpaillage illégal. C'est fortement contesté par les opposants, car beaucoup considèrent que la concrétisation du projet serait plutôt un appel d'air.

Si l'on veut imposer demain des règles environnementales plus exigeantes et durables, dépassant les seules frontières de la Guyane et de la France pour servir de modèle au niveau mondial, l'on ne pourra pas faire l'économie d'un débat autour des intérêts géostratégiques de la France et réfléchir honnêtement aux enjeux cachés.

Rappelons quelques chiffres. La consommation mondiale de métaux augmentera de 5 % chaque année d'ici 2050. Nous aurons extrait en trente ans plus de métaux que dans toute l'histoire de notre humanité : pas moins de 7,5 milliards d'humains consommeront autant de minerai que les 108 milliards qui ont vécu sur Terre. Nous sommes ici au coeur de la stratégie minière de la France. Menons un dialogue franc avec les Guyanais, les Français, car nous avons le sentiment que l'État, en réalité, cherche à concilier les intérêts stratégiques de la souveraineté dite minérale de la France avec les enjeux environnementaux. Pourtant, il faudra bien choisir. On ne peut poursuivre un objectif au détriment de l'autre et j'ai apprécié que vous soyez clair, à ce sujet, monsieur le ministre.

Je réitère la question : pouvons-nous bâtir le projet autrement, pour qu'il soit durable et pas seulement de convenance, afin de répondre aux ambitions internationales ?

Je ne souhaite pas que la Guyane soit sacrifiée sur l'autel des intérêts géostratégiques internationaux. Nous avons le devoir, parallèlement aux concertations, d'étudier sérieusement les alternatives de développement à ce projet, qui ne me semble pas, par ailleurs, à la hauteur des enjeux économiques, sociaux, et de développement du territoire.

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