Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du jeudi 7 février 2019 à 9h30
Débat sur la montagne d'or — Débat

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

Les données du problème sont simples et claires, ce qui devrait vous permettre de trancher, monsieur le ministre d'État, sans vous abriter derrière l'excuse de la complexité.

Le projet de mine aurifère de la Montagne d'or, c'est une fosse de 2,5 kilomètres de long, 500 mètres de large et 400 mètres de profondeur en pleine forêt équatoriale, à proximité de deux réserves biologiques intégrales, dans le nord-ouest de la Guyane.

C'est aussi 420 millions d'euros d'investissement public, dont l'impact économique apparaît bien incertain et dérisoire – 750 emplois directs en douze ans, dans un département où le chômage concerne 19 000 personnes – , et encore plus au regard de ses conséquences écologiques et sociales désastreuses – 47 000 tonnes de cyanure déversées, 57 000 tonnes d'explosifs employées et 2 000 hectares de forêt tropicale détruits.

C'est une « consultation de façade », selon les termes employés par la Commission nationale consultative de droits de l'homme dans son avis de 2017, qui a été organisée, au mépris des populations, qui sont les premières concernées et furent les premières à se mobiliser, aux côtés de la centaine d'associations guyanaises, nationales et internationales réunies au sein du collectif « Or de question » qui s'oppose au projet depuis 2016. Nous saluons leur action.

En résumé, l'État accorderait des droits d'exploitation, de prédation et de spoliation au consortium russo-canadien Nordgold-Columbus Gold, contre les droits des populations, leur parole, leur santé, leur lieu de vie et la préservation de l'environnement.

Dans une décision rare, le comité onusien pour l'élimination de la discrimination raciale, alerté par l'Organisation des nations autochtones de Guyane, s'est dit préoccupé par le manque de consultation des peuples autochtones de Guyane. Il a appelé la France à suspendre le projet en l'absence du consentement libre, préalable et éclairé de tous les peuples autochtones concernés.

Vous pourriez lui donner votre réponse dès aujourd'hui, monsieur le ministre d'État : il n'y a aucun intérêt environnemental à ce grand projet inutile et dangereux. Le seul bénéfice économique substantiel sera tiré par des multinationales. Aujourd'hui, sept Guyanais sur dix déclarent ne pas avoir été convaincus des bienfaits du projet ; 69 % d'entre eux s'y disent opposés.

Il n'est plus temps de tergiverser, monsieur le ministre d'État, il faut trancher. Quand allez-vous enfin entendre raison ? Quand ferez-vous primer la préservation de l'environnement et la vie des gens sur les profits ? Quand allez-vous, enfin, suspendre définitivement ce projet néfaste ?

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