Intervention de Fannette Charvier

Séance en hémicycle du lundi 11 février 2019 à 16h00
Pour une école de la confiance — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFannette Charvier, rapporteure de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Centré sur ces académies et ces disciplines déficitaires, le nouveau dispositif de prérecrutement doit permettre à des jeunes étudiants issus de milieux modestes de pouvoir envisager des études longues et d'accéder ainsi aux métiers de l'enseignement et de l'éducation. Il concrétise une double ambition : proposer une appropriation progressive de l'environnement scolaire et de l'exercice du métier, et sécuriser financièrement la trajectoire jusqu'au concours, en retirant le poids de la contrainte financière. Le dispositif remplacera, à terme, celui des étudiants apprentis professeurs, dont il corrige les faiblesses, notamment en permettant le cumul du salaire et des bourses.

L'amélioration du système éducatif est l'affaire de toute la communauté, car quand tous les acteurs de l'éducation vont dans le même sens, les chances de réussite sont plus grandes. C'est pourquoi toute une partie du projet de loi est consacrée à l'innovation pour s'adapter aux besoins locaux. Faire confiance aux territoires, leur laisser la main pour mettre en place des structures adaptées aux besoins locaux, c'est cela aussi l'école de la confiance, dans un cadre que, bien évidemment, la loi et les dispositions réglementaires définiront.

La France est une et indivisible, mais elle est aussi diverse, avec des problématiques qui ne sont pas les mêmes selon les territoires. Comment assurer, dès lors, la réussite de tous les élèves, en tenant compte des différentes situations ? Le projet de loi pour une école de la confiance apporte des réponses concrètes à des situations concrètes, en sécurisant dans la loi des initiatives qui existent déjà dans notre pays et qui ont fait leurs preuves, et en permettant qu'elles se développent ailleurs, en fonction des besoins et des volontés locaux : sans imposition verticale de l'État, mais au contraire à l'initiative des territoires et des communautés éducatives, et avec une volonté d'apporter des solutions encadrées à des problématiques locales.

C'est le cas pour les EPLEI : ces établissements publics locaux d'enseignement international, largement inspirés des dispositions relatives à l'école européenne de Strasbourg, qui figurent déjà dans le code de l'éducation, permettent aux collectivités territoriales de disposer d'un outil au service de leur développement, en structurant, au sein d'un même établissement, des sections internationales ou des écoles européennes. Il s'agit d'accompagner le développement de l'attractivité de la France et, particulièrement dans le cadre du Brexit, de lever le frein, déterminant pour les familles, de l'absence de scolarité adaptée dans la langue maternelle de leurs enfants. En parallèle, ces établissements pourront, et devront, être accessibles aux élèves français de tout milieu. L'ambition d'augmenter le niveau général des élèves en langues est, par ailleurs, déjà portée par d'autres dispositifs complémentaires, tels que l'enseignement d'une matière intégré à une langue étrangère, les enseignements de langue et de culture d'origine, les classes bilingues et bilangues, et les sections européennes et de langues orientales.

La même logique prévaut pour les établissements publics des savoirs fondamentaux, dont la création a été décidée par la commission des affaires culturelles et de l'éducation. Depuis 2010, de nombreuses expérimentations ont cherché, via le travail en commun de toute une communauté éducative locale, à créer une véritable continuité des apprentissages de la maternelle à la troisième, afin d'éviter le décrochage à l'entrée en sixième. L'intérêt pédagogique pour les enfants est évidemment de mieux articuler la transition entre l'école et le collège, entre le premier et le second degrés, aux méthodes et aux exigences bien différentes. Le gouvernement précédent a d'ailleurs été bien inspiré d'étendre le cycle 3 du CM1 à la sixième, révélant déjà le besoin d'une meilleure continuité pédagogique.

On donne, là encore, une certaine latitude aux collectivités territoriales compétentes – départements et communes – , ainsi qu'aux communautés éducatives, pour se saisir de l'opportunité d'un tel projet et décider du degré d'intégration de celui-ci : un réseau qui se met en place entre le collège et les écoles rattachées, des partages de locaux ou d'installations sportives, des interventions croisées d'enseignants qui vont pouvoir faire profiter les autres structures de leur domaine d'expertise, jusqu'à une intégration complète avec un regroupement sur un même site des premier et second degrés là où cela sera jugé pertinent.

Cette logique d'adaptation aux territoires se retrouve aussi dans la création du rectorat de Mayotte, qui s'intègre dans la perspective plus vaste et plus globale du plan d'action pour l'avenir des Mahorais, annoncé par la ministre des outre-mer en mai dernier. Mayotte intègre ainsi le droit commun lié à la départementalisation de l'île, même si des particularités subsistent, comme la compétence du bâti scolaire, qui reste de la compétence de l'État, compte tenu de l'importance des investissements devant encore être réalisés.

« Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne », disait Victor Hugo ; pour Nelson Mandela, « L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde ». Ce qui est certain, c'est que, dans un monde complexe où tout va trop vite, dans une société individualiste en proie au doute et aux tensions sociales, l'éducation apparaît comme un socle que nous léguons aux générations suivantes pour comprendre le passé, affronter le présent et construire l'avenir. L'école doit vivre avec son temps. Elle doit savoir en permanence se réinventer, tirer parti de technologies nouvelles et s'adapter à des enfants qui ne sont pas tous les mêmes et à des réalités locales diverses. Elle doit faire fi des tentations de conservatisme, tout en demeurant fidèle aux valeurs et aux ambitions qui la fondent. C'est l'école de demain. C'est l'école de la confiance.

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