Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mercredi 13 février 2019 à 21h30
Pour une école de la confiance — Article 3

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Monsieur le ministre, vous avez rappelé en commission que la période entre la naissance et l'âge de 6 ans est décisive, et c'est très juste. Mais vous avez également affirmé que cette période ne pouvait par conséquent être laissée au hasard. Voilà qui n'est pas très valorisant pour les parents qui font de leur mieux pour offrir une bonne éducation à leurs enfants. C'est une étrange conception de la liberté fondamentale et naturelle des parents d'élever leurs enfants.

C'est d'autant plus étrange, voire inacceptable, dans un texte intitulé « pour une école de la confiance ». Comment demander aux parents de faire confiance à une école qui fait elle-même preuve de défiance à l'encontre de leurs choix éducatifs ?

Il est dit que les enfants qui ne sont pas scolarisés avant 6 ans sont majoritairement issus de familles défavorisées. Mais la seule étude citée par le rapport de la commission à ce sujet montre l'impact du niveau culturel et socio-économique des parents sur la rapidité d'acquisition du langage. Elle ne comporte pas de données sur les milieux dont sont issus les enfants de 3 ans non scolarisés. Cette enquête conclut que le fait de bénéficier d'un mode de garde extérieur formel tend à réduire les inégalités sociales de développement langagier. S'il est très louable de chercher à réduire les inégalités, cela ne peut être à tout prix. Si l'on suit la logique du Gouvernement, faudra-t-il pour éradiquer les inégalités contraindre les parents moins favorisés à choisir un mode de garde extérieur pour leur enfant de quelques mois ? Être défavorisé sur le plan économique, est-ce pour autant être incapable de s'occuper correctement de ses enfants ?

Parce qu'il faut lutter contre cette ingérence et au contraire soutenir les parents dans leur mission d'éducation, je demande la suppression de cet article.

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