Intervention de Yannick Kerlogot

Séance en hémicycle du jeudi 14 février 2019 à 22h00
Pour une école de la confiance — Article 6

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Kerlogot :

L'article 6 est consacré à l'enseignement des langues étrangères dans des établissements spécifiques. Je souhaite intervenir sur les amendements qui seront défendus après l'article 6 : pas moins de cinquante-cinq amendements, tous consacrés aux cultures et langues régionales. Un projet relatif à l'école de la confiance ne peut échapper aux revendications liées à l'enseignement de ces langues, revendications présentées par des collègues députés de plusieurs groupes dans cet hémicycle. L'enjeu, transpartisan, renvoie à des réalités territoriales diverses mais composant une France une et indivisible. Le francique lorrain, le basque, le breton, le catalan, le corse, l'occitan, sans oublier bien sûr les langues d'outre-mer telles que le tahitien, les créoles ou le wallisien et le futunien, sont autant de richesses patrimoniales immatérielles fragilisées, voire en péril pour certaines.

Avec d'autres collègues, nous prônons une France multiculturelle animée par un nouvel humanisme. La France est née d'une mosaïque de terroirs, mais elle s'est construite dans l'uniformité. Le temps est venu, sans fragiliser le socle des principes républicains, de conforter une République de la diversité assumée. Face aux difficultés financières des réseaux d'enseignement de langues régionales privés sous contrat, laïcs et gratuits, qui défendent une mission relevant du service public, plusieurs amendements plaident notamment pour une responsabilité assumée des communes, via le forfait scolaire, en direction de ces écoles bilingues, de ces réseaux d'établissements scolaires associatifs immersifs en langue régionale.

Rappelons-le, l'enjeu ne consiste pas à créer des droits spécifiques, exclusifs pour les locuteurs de langues régionales, la langue française restant la langue de la République, mais à accompagner une dynamique initiée depuis plusieurs décennies pour sauvegarder, promouvoir et développer les langues régionales de France. Il ne s'agit pas d'une exaltation de la différence, comme le reproche en a déjà été fait dans cet hémicycle lors de l'examen de la proposition de loi Gatel, mais de rappeler que si la France est bel et bien une et indivisible, elle doit concevoir le divers dans son sein, l'unité dans la diversité. Une France de la diversité adaptée aux identités composites qui la constituent, basée sur les droits culturels des personnes qui la composent, c'est une France qui en sortira renforcée. Une école de la confiance doit pouvoir y contribuer.

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