Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du vendredi 15 février 2019 à 9h30
Pour une école de la confiance — Après l'article 6

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Je ne peux qu'exprimer mon désaccord avec ce que vient de dire M. Le Fur.

Ces amendements, c'est en quelque sorte toujours le même qui revient. Vous connaissez ma position sur le sujet, et je ne reprendrai pas l'argumentation que j'ai déjà présentée. Néanmoins, je ne voudrais pas que ma position soit interprétée comme une régression. Je répéterai ce que j'ai dit tout à l'heure à M. Acquaviva : si vous faites cela, et c'est ce que vous avez fait, monsieur Le Fur, vous ne servez pas la cause que vous défendez.

Des avancées, il y en a ; je les ai mentionnées. Si j'ai pris le temps de répondre aux précédentes interventions, c'est précisément pour cette raison. Ce que j'ai dit sur le lycée est extrêmement important, et ce que le Premier ministre a fait en Bretagne aussi. Toutefois, sur ce sujet comme sur d'autres, il faut tenir compte de la temporalité. Par exemple, il est important d'obtenir un consensus de la part des maires de Bretagne, vous devriez ne pas en disconvenir. On est ainsi certain d'aboutir à quelque chose qui correspond à une vision d'ensemble.

Il y a donc des ouvertures, et ce que j'ai dit sur l'enseignement immersif en est une : c'est une ouverture vers l'objectivation. Regardons, objectivons, sans nous contenter des opinions que nous pouvons avoir, les uns et les autres, sur ces questions, et allons de l'avant.

Il est ainsi incontestable que des acquis ont été obtenus en matière de langues régionales durant l'année 2018-2019. Le nier, premièrement, c'est cultiver ce pessimisme qui, à mon avis, nous engage dans le cercle vicieux du déclin : je ne pense pas que ce soit une bonne chose, je pense que c'est au contraire l'optimisme qui permettra de donner de la vitalité aux langues régionales. Deuxièmement, ce n'est pas conforme à la vérité. Troisièmement, c'est cultiver le sentiment qu'à chaque fois qu'on fait quelque chose qui va dans le bon sens, cela n'est pas reconnu, que cela suscite de la frustration plutôt que de la joie.

Or, je vous le dis depuis le bureau que j'occupe, c'est un problème. Nous ne cessons de faire des avancées sur le sujet, et ces avancées ne sont jamais reconnues. Je l'ai vérifié récemment encore en lisant une certaine presse régionale. Au lendemain de notre acceptation de créer un enseignement de spécialité en langue régionale, ce qui est un acquis considérable, les articles publiés dans cette presse parlent d'autre chose, pour pouvoir expliquer qu'il y a un recul ! Pour moi, ce genre de procédés ne font pas avancer la cause. Cela crée des crispations et des oppositions inutiles, alors que nous avions tous souligné dès le début que la cause de la langue française et celle des langues régionales étaient une seule et même cause. En outre, cela n'incite pas vraiment à s'inscrire dans une logique de dialogue, puisque les acquis ne sont jamais reconnus.

Peut-être aurez-vous l'impression que nous sommes systématiquement défavorables aux amendements qui vont suivre. Mais en réalité, il s'agit toujours du même amendement, présenté sous des formes différentes. Je vous ai déjà donné de manière argumentée la position du Gouvernement. Ne sortons pas de l'examen d'un texte qui, initialement, ne portait pas sur ce sujet en affirmant qu'il y a un recul sur les langues régionales, après tout ce qui a été fait au cours des derniers mois et des dernières semaines, y compris par le Premier ministre récemment.

Je m'exprimerai moins par la suite. Il était toutefois extrêmement important d'avoir ce débat. Vous avez eu raison, les uns et les autres, d'en souligner la qualité et l'importance. L'avis défavorable que je formule sur ces amendements ne doit donc pas être mal interprété.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.