Intervention de Stéphane François

Réunion du mercredi 30 janvier 2019 à 11h55
Commission d'enquête sur la lutte contre les groupuscules d'extrême droite en france

Stéphane François :

Les identitaires ont opéré une seconde mue, au niveau religieux, lors de la Manif pour tous. Avec l'objectif de recruter, ils ont totalement gommé les aspects néopaïens originaux de leur doctrine pour solliciter les vieilles familles catholiques, au point qu'un ancien cadre d'Unité radicale, membre fondateur des identitaires, m'a dit un jour, dépité : « On célébrait le solstice, et maintenant ils vont à la messe, et en latin ! ». Cette stratégie est un moyen d'aller au-delà du vivier naturel de recrutement de ces milieux et d'attirer des jeunes gens de bonne famille encore à cheval sur les principes religieux. C'est en ce sens que le catholicisme joue un rôle marginal mais réel : il sert à capter de nouveaux militants, et il est exact que la variante visée est plutôt le catholicisme traditionaliste. Cela permet aussi de faire le lien avec une sorte de pagano-christianisme qui était en germe chez certains : dans les universités d'été, on parlera du christianisme, mais on mentionnera aussi Excalibur, le roi Arthur et la quête du Graal, toutes références très peu chrétiennes. Il y a donc là la possibilité d'élaborer une forme de christianisme identitaire, non pas, tant s'en faut, sur le modèle des Églises ethniques et raciales américaines – mais quelque chose se fait. Cela dit, la frange la plus ultra du catholicisme traditionaliste, des lefebvristes aux sédévacantistes, reste anecdotique et ne va pas beaucoup plus loin que Jérôme Bourbon, de Rivarol, ou que le négationniste Vincent Reynouard. Même dans leur milieu, ces gens n'ont pas beaucoup de crédit ; cela reste donc très restreint.

Enfin, des structures scoutes telles qu'Europe Jeunesse ont été fondées dans les années 1970 par des membres du GRECE, avec le discours néopaïen afférent.

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