Intervention de Franck Riester

Réunion du mercredi 21 novembre 2018 à 16h30
Délégation aux outre-mer

Franck Riester, ministre de la culture :

Merci, monsieur le président !

Je vais tout d'abord répondre à Justine Benin et, ce faisant, revenir sur l'une des interpellations de Frédérique Dumas concernant la télévision à laquelle j'avais oublié de répondre : cela ne vous a pas échappé, je n'étais pas en fonction au moment de l'annonce concernant le plan de réforme de France Télévisions. Toutefois, d'après ce que j'ai cru comprendre, cette réunion était une réunion d'annonce et non de concertation.

Cela me permet de rebondir directement sur l'interpellation de Maina Sage, que je trouve formidable et que j'ai d'ailleurs notée : ne pensez pas à notre place, pensez avec nous ! Le message est bien passé. Je le savais déjà, mais vous avez eu raison de le rappeler, car la communication est aussi dans la répétition. Sachez que c'est ma façon de concevoir ma responsabilité avec l'outre-mer, mais aussi plus largement. Un responsable politique que je connaissais bien disait toujours que l'on est moins bête à plusieurs que tout seul. J'en suis vraiment convaincu. Au-delà du respect et de la considération vis-à-vis des personnes qui, d'une certaine façon, subissent les décisions, il s'agit aussi de s'enrichir des réflexions et des idées des autres. Vous pouvez compter sur moi pour être à l'écoute et de décider avec vous plutôt que sans vous.

Deuxième élément concernant la télévision, il y a France Ô évidemment, mais je demeure convaincu que si c'était une réponse, elle n'était pas la réponse optimale nécessaire par rapport à tout ce que vous avez dit sur la diversité et sur la présence de la culture et des cultures ultramarines dans l'Hexagone et, plus largement, la présence des cultures ultramarines dans l'expression, la représentation et la diffusion de la culture française à l'étranger. Je pense qu'il y a mieux à faire avec les outils de l'audiovisuel public. Parfois, ce n'est pas simplement une question de nombre de programmes ou de durée de programme sur une antenne qui fait la différence. C'est aussi l'audience qui va avec, et c'est l'impact de cette audience dans le public.

J'entends bien le message, nous devons y travailler. C'est pour cela que je tiens absolument à ce que vous soyez très présents. Annick Girardin est totalement en phase avec moi et souhaite vivement que vous soyez très présents dans la discussion et la réflexion avec l'audiovisuel public et avec France Télévisions. Mais regardons aussi l'audience : une émission en prime-time ou en première partie de soirée sur France 2 a un impact considérable, sans doute plus que je ne sais combien d'émissions jusqu'à ce jour sur France Ô. Il ne faut pas que ce soit une anecdote, il ne s'agit pas de dire : « Voilà votre émission, vous êtes contents. C'est bon, on passe au sujet suivant. » Cela ne doit pas être. La puissance de l'audiovisuel public sur les grandes chaînes, les grandes antennes, doit être davantage mise au service de la diffusion de la création et de la représentation de la culture ultramarine.

Pour ce faire, nous disposons de deux outils. Le premier est un outil public, ce sont les « outre-mer premières ». Formidable vitrine outre-mer, elles doivent avoir un relais numérique. J'aime bien cette idée de vitrine, mais il est vrai que les « outre-mer premières », qui connaissent des audiences très fortes dans les outre-mer, constituent une belle vitrine de ce qui pourrait, par la suite, être démultiplié au niveau du numérique. Nous devons avoir une réflexion très forte sur la présence numérique des « outre-mer premières », qui sont à la fois de la télévision et de la radio.

Mais nous ne devons pas oublier les chaînes privées. Ces petites chaînes privées qui, on le sait, connaissent des difficultés et sont aujourd'hui aidées par France Télévisions, peuvent être le second outil. Nous devons réfléchir collectivement à des modèles économiques renouvelés et repensés pour ces chaînes qui se projettent dans l'avenir.

Voilà ce que je voulais vous redire sur l'audiovisuel.

Ensuite, vous avez évoqué la question de la place de l'outre-mer dans la géographie mondiale. C'est un aspect très important, en effet. Dans la réflexion sur le rayonnement culturel de notre pays, nous devons voir comment les cultures ultramarines ont une place à part, notamment chez les voisins des différents territoires ou départements d'outre-mer. Je suis très volontariste pour le rayonnement culturel de notre pays, qui passe, à mes yeux, par le rayonnement des cultures ultramarines.

Pour le reste, j'ai entendu votre message, vous l'avez suffisamment martelé ! Je savais, en venant ici, que vous alliez le marteler, mais il est important. Croyez-moi, tout d'abord, si j'avais besoin d'une piqûre de rappel, je reviendrais régulièrement pour que vous me l'administriez. Mais je n'en aurai pas besoin, car je suis convaincu qu'en tenir compte est important pour notre communauté nationale et pour l'image de la France dans le monde.

Monsieur Gérard, j'achète, pour ma part, l'idée du réseau pour la Cité des outre-mer ! Il me faut étudier en détail le projet qui est pour l'instant sur la table afin de mesurer cette dimension de réseau, de labellisation, de circulation des oeuvres, des spectacles, mais je pense qu'elle est intéressante. Je pense qu'il est possible de créer quelque chose d'assez original sans que ce soit forcément un site figé à tel endroit à Paris ou région parisienne.

L'idée du transport dans le Pass culture mérite également d'être approfondie. De prime abord, cela me semble une bonne idée. Il faut en étudier la faisabilité, mais cela a du sens. Combien de fois m'a-t-on parlé – n'est-ce pas, mesdames Sage et Sanquer ?– de ces questions de transport pour les députés ultramarins, dans le cadre des réflexions conduites à l'Assemblée nationale sur le statut du député et des moyens mis à leur disposition ! Des problématiques spécifiques se posent en matière de transport outre-mer. Pourquoi ne pas aller vers la solution du Pass culture ? Cela rejoint ce que disait Frédérique Dumas sur les offres culturelles, qui sont parfois à distance. Il faut essayer de les rapprocher des publics, mais parfois il est aussi nécessaire de déplacer les publics vers les offres.

Monsieur Mathiasin, comme vous, je suis convaincu qu'un enjeu majeur pour mon ministère est de prendre à bras-le-corps les problématiques ultramarines. Je me répète un peu, mais vous vous êtes répétés également. Avec des arguments légèrement différents, vous avez tous martelé ce message. Je l'entends. C'est pour moi aussi l'un des grands enjeux.

Au fur et à mesure de nos réunions, je voudrais que nous puissions dire de façon très concrète que, sur tel point, nous avons avancé ; que sur tel autre, en revanche, nous n'avons pas avancé, mais qu'au moins, je puisse vous expliquer pourquoi nous n'avons pas avancé. Et ainsi, de façon très itérative, nous construisions ensemble l'amélioration des dispositifs que l'outre-mer mérite.

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