Intervention de Clémentine Autain

Réunion du mercredi 13 février 2019 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Le groupe La France insoumise a tenu à présenter cette proposition de loi pour mettre en lumière la nécessité de soutenir la création artistique. J'aimerais ici souligner à quel point la culture a disparu du débat public et du débat politique, phénomène assez préoccupant si l'on croit à la culture comme vecteur d'intelligence, d'émancipation et de sensible partagé. Emmanuel Macron, lors de la campagne présidentielle, avait déclaré en 2017 vouloir faire de la culture « le premier chantier de son programme car elle permet l'émancipation de l'individu ». Après un an et demi de mandat, force est de constater que cette priorité ne s'est pas traduite par des propositions qui permettent de répondre aux problématiques contemporaines en développant l'accès à la culture et en favorisant la création artistique.

J'ai bien écouté Aurore Bergé qui disait, au nom de La République en Marche, que si elle partageait les objectifs de la proposition de loi, il fallait une réflexion plus poussée comme s'il était urgent d'attendre pour trouver des solutions. Je lui réponds tout de suite sur un point : je ne vois en quoi nos propositions créeraient un droit opposable. Notre but est de créer un fonds permettant de faire vivre dignement davantage d'artistes et de créateurs. En outre, cette opposition à notre proposition se traduit par un refus en bloc. Nul amendement n'a été déposé par ce groupe. J'aurais préféré que nous ayons une discussion sur la manière de mieux articuler ce fonds avec les dispositifs existants et sur son financement.

Je le regrette d'autant plus les artistes sont confrontées à une profonde régression. C'est un point sur lequel j'aimerais insister. Les collectivités locales, qui alimentent beaucoup de dispositifs qui permettent de faire vivre des artistes, sont confrontées à des difficultés majeures : alors que l'austérité budgétaire s'abat sur elles, la culture fait bien souvent partie des domaines affectés. En bout de chaîne, ce sont les artistes qui en paient le prix.

La logique du profit à l'oeuvre dans le monde culturel pose des problèmes majeurs. Nous assistons à un double phénomène : réduction du nombre des artistes arrivant à vivre de leur création, réduction de la diversité des choix culturels offerts au citoyen. Pour combattre cette marchandisation, nous devons trouver des solutions. Est en cause également la logique qui a prévalu dans les années quatre-vingt de créer de grands équipements culturels au détriment de structures plus petites.

Cette proposition de loi permet de reconnaître la spécificité de l'activité artistique et de créer un cadre légal pour encourager sa vitalité.

Enfin, j'espère que tout le monde a bien à l'esprit qu'il s'agit aussi d'un enjeu de stratégie industrielle pour notre pays qui en manque cruellement.

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