Intervention de Michel Larive

Réunion du mercredi 13 février 2019 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive, rapporteur :

Le permis de conduire est le premier examen de France et le premier levier d'insertion professionnelle. La détention du permis est une condition d'insertion rapide sur le marché du travail : de nombreuses offres d'emploi sont conditionnées à sa détention en l'absence de transports en commun, l'éloignement avec le lieu de travail impliquant souvent un moyen individuel de transport – le plus souvent la voiture en milieu rural.

Rappelons également que 80 % des candidats au permis de conduire sont des jeunes âgés de 18 à 25 ans. Les difficultés financières rencontrées par cette tranche d'âge sont accrues par les barrières financières à l'obtention du permis, qui coûte en moyenne 1 804 euros – comme la rapporteure l'a rappelé.

Quelle est la seule réponse apportée à ces obstacles ? C'est l'« ubérisation ». Or elle aggrave les difficultés déjà patentes pour obtenir le permis. Elle constitue un système hors sol, un moins-disant éducatif, comme dans de nombreux domaines économiques et de services !

Depuis la loi du 6 août 2015 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, dite loi Macron, le permis de conduire n'est pas épargné par cette « ubérisation » : l'apparition de plateformes numériques – Ornikar ou En voiture Simone par exemple – signe la généralisation de ce moins-disant éducatif. L'emploi de moniteurs autoentrepreneurs équivaut souvent à la diminution de la qualité de la formation. C'est également une atteinte aux conditions sociales d'exercice de la profession d'enseignant. En outre, cela pose la question de la sécurité – ces moniteurs inconnus sont recrutés sur internet. Le suivi du candidat n'est plus personnalisé ; pourtant, il est nécessaire pour répondre à ses besoins et aux impératifs de sécurité routière.

Le taux de réussite des candidats inscrits sur ces plateformes est de dix points inférieur au taux de réussite des candidats inscrits en auto-école, ce qui génère des coûts supplémentaires liés aux délais d'attente avant une prochaine inscription.

La fin de l'agrément national et la bascule vers un agrément départemental équivaut à l'abandon de l'obligation d'avoir un local, ce qui favorise aussi les plateformes en ligne. L'« ubérisation », c'est le choix d'un système hors sol, alors que 50 000 moniteurs répartis dans 12 000 auto-écoles maillent le territoire. Ce maillage est primordial ; il assure un rapport de proximité entre les établissements et les candidats, il garantit un suivi et une formation de qualité.

À l'uberisation dangereuse, nous préférons un service public gratuit, seul à même de faciliter l'accès au permis de conduire et d'assurer un droit à l'apprentissage répondant aux impératifs de sécurité routière. Les auto-écoles, présentes sur tout notre territoire, constituent un levier puissant pour développer cette offre de service public.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.