Intervention de Olivier Véran

Réunion du mercredi 13 février 2019 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Véran :

La malbouffe recouvre deux phénomènes. D'abord, cela nous renvoie au changement du modèle alimentaire traditionnel français. Car si la France est le pays de la gastronomie, l'arrivée massive des aliments ultra-transformés dans les supermarchés a tout bouleversé et, aujourd'hui, on ne sait plus ce qu'on mange. C'est un vrai problème. Ensuite, ce terme fait référence au mauvais dosage entre les aliments. Pendant très longtemps, jusqu'à l'époque de nos grands-mères je pense, on a su qu'il fallait respecter une proportion de viande, de fibres et de légumes. Tel n'est plus le cas aujourd'hui, du fait d'un défaut d'information et d'éducation, par facilité parfois ou pour des raisons de coût.

Il y a plusieurs moyens de lutter contre cette malbouffe qui a envahi tous les pays occidentaux et qui crée des ravages, provoquant le diabète et l'obésité, notamment chez les plus jeunes. Je pense d'abord aux mesures d'information. Car l'information, c'est la base de la prévention.

Durant la législature précédente, on a mis progressivement en place le Nutri-Score. Lors de l'examen de la loi Egalim, j'ai tenté d'imposer l'application du Nutri-Score dans les publicités. On peut peut-être aller plus loin dans l'encadrement de la publicité – votre idée est intéressante, monsieur le rapporteur. J'aimerais cependant disposer d'une expertise supplémentaire avant d'adopter cet article.

L'information peut aussi passer par l'indication calorique des aliments, comme le font les Américains. Ainsi, les consommateurs sauront combien de calories ils absorbent en mangeant un hamburger dans un fast-food. Cette information est aujourd'hui inaccessible ou trop brouillonne.

Des mesures d'interdiction peuvent également être prises. Nous en avons pris plus qu'à notre tour dans la loi « santé » portée par Marisol Touraine, telle l'interdiction du free refill, cette possibilité de se resservir autant qu'on le souhaite en sodas dans le fast-food. De même, des mesures de fiscalité comportementale peuvent être adoptées. Nous avons ainsi voté la taxe soda en début de mandat.

Enfin, il y a l'éducation à l'alimentation. Par exemple, les petits déjeuners à l'école dans les zones d'éducation prioritaire seront un moyen parmi d'autres, dans le cadre le plan Pauvreté, d'éduquer les enfants à l'alimentation.

Nous devons être capables de trouver des moyens à la hauteur des enjeux. Car la malbouffe est un mal qui ronge la gastronomie française à petit feu. Monsieur le rapporteur, ce texte me touche forcément, mais je ne suis pas très convaincu par la rédaction de certains articles. Nous aurons le débat, ce matin puis en séance publique et, en tout cas, nous accueillons la démarche avec le sentiment qu'on peut collectivement trouver des accords politiques sur ces questions et ces enjeux.

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