Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Réunion du mercredi 13 février 2019 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon, rapporteur :

On vient d'évoquer l'addiction : je voudrais souligner son aspect anthropologique et inviter à une petite réflexion sur l'illusion selon laquelle la simple information produirait des comportements rationnels et viendrait à permettre aux individus de faire l'économie de tels ou tels comportements. Si tel était le cas, l'Histoire serait différente… Car la majorité des comportements destructeurs sont rarement rationnels. Le plus souvent, ils procèdent d'autres motivations. Cela nous intéresse aujourd'hui de les comprendre.

S'agissant de l'alimentation, je viens de lire un ouvrage sur le sujet, qui expose comment 200 000 ans de sélection naturelle ont conduit les êtres humains que nous sommes à avoir inscrit dans leur programme des comportements positifs pour leur développement. Prenons l'exemple des aliments sucrés. Pendant la période des chasseurs-cueilleurs, ils provenaient du ramassage des fruits et de rayons de miel. Mais, en ces temps-là, il n'y avait pas d'occasion de s'en goinfrer au point de devenir diabétique… Aujourd'hui, cette pulsion, qui existe en nous, au-delà même de l'addiction, nous conduit à des consommations morbides. Ainsi, un instinct qui était bon devient morbide. Et vous ne pouvez lutter contre cela autrement que par des interdictions ! Parce qu'aucun comportement rationnel ne viendra à bout, définitivement, des habitudes ni de ceux qui produisent, ni de ceux qui consomment.

Je terminerai en faisant une comparaison avec le tabac. Chacun est conscient du fait qu'il s'agit d'une consommation destructrice et morbide et, pourtant, nous avons un mal de chien à en faire reculer l'usage, quand bien même nous ne cessons – à juste titre – d'augmenter le tarif des cigarettes. Je crois donc que cette proposition de loi part d'un point de vue réaliste sur la condition humaine. En outre, rien n'interdit aux industriels de faire des productions qui ne soient pas nocives. C'est même le contraire : ils en ont les moyens et l'intelligence.

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