Intervention de Nicolas Turquois

Séance en hémicycle du jeudi 21 février 2019 à 15h00
Interdiction du glyphosate — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Turquois :

Il y a encore le cas de l'agriculture dite de conservation. C'est un type d'agriculture très protecteur du sol, qui ne se trouve presque jamais à nu, contrairement à ce qu'impliquent les systèmes classiques. Dans ce cas, l'agriculteur sème à chaque fois une nouvelle culture dans les chaumes de la culture précédente ; mais, là encore, un usage de faibles quantités de glyphosate est nécessaire. Et, paradoxalement, l'agriculture de conservation est, pour moi, la méthode agricole de protection de l'environnement la plus aboutie. Je vous invite vivement, toutes et tous, à regarder des vidéos sur ce sujet pour mieux la comprendre.

Si l'on ajoute quelques usages en arboriculture fruitière, sur la luzerne porte-graine, sur la destruction de cultures intermédiaires, et pour quelques productions mineures, on aura dressé la liste des vraies difficultés auxquelles l'agriculture sera confrontée sans glyphosate.

Si l'on limitait, d'ici trois ans, le glyphosate à ces quelques usages, je suis intimement persuadé que 70 % à 80 % du problème serait réglé. Ayons conscience de cela.

Vous le voyez, l'objectif du Président de la République d'engager la sortie du glyphosate avant 2021, pour la majorité des usages, est une décision réaliste.

Si nous partageons, je l'ai dit, votre volonté de sortir du glyphosate, nous ne partageons pas votre méthodologie. Nous sommes évidemment soucieux, tout comme vous, de la protection de l'environnement et de la santé de nos agriculteurs et de nos concitoyens. Mais nous estimons qu'une interdiction brutale serait contreproductive par rapport à ces mêmes enjeux d'environnement et de santé, du fait notamment de l'importation massive de denrées traitées qu'elle entraînerait.

Nous sommes, nous, favorables à une politique qui passe à la fois par la formation des agriculteurs et de leurs conseillers, par des solutions construites filière par filière d'ici deux ans, et par une recherche active, le temps d'imaginer des réponses pour les quelques usages sans alternative aujourd'hui. C'est, je crois, l'ambition que défend le ministre de l'agriculture, et c'est la raison pour laquelle le groupe MODEM et apparentés ne votera pas cette proposition de loi.

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