Intervention de Philippe Gomès

Séance en hémicycle du jeudi 21 février 2019 à 15h00
Interdiction du glyphosate — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gomès :

Sans être poétique ni enthousiaste, je tiens à souligner que le groupe La France insoumise, par cette proposition de loi, nous donne l'occasion pertinente de revenir sur le sujet du glyphosate, déjà traité lors de l'examen de la loi EGALIM. Cette proposition de loi est l'occasion d'aborder plus longuement cette substance pour le moins controversée, voire honnie et, plus largement, de m'exprimer au nom de mon groupe sur l'utilisation des produits phytosanitaires en France.

Nous partageons tous la vision et le souhait d'une agriculture plus respectueuse de l'environnement, de la qualité et de la fertilité de nos terres, des agriculteurs, bien sûr, qui la travaillent, plus respectueuse enfin des consommateurs qui en mangent les fruits. C'est une ardente obligation, une nécessité impérieuse.

Nous convenons tous également que le rôle de l'agriculture est de nourrir les peuples de l'humanité et qu'elle doit, à ce titre, avoir un rendement suffisant pour répondre aux besoins alimentaires de la planète entière.

Alors que les produits phytosanitaires, en général, et le glyphosate, en particulier, ont, jusqu'à présent, été au centre de l'équation, la priorité étant donnée aux rendements agricoles, nous changeons progressivement de paradigme, trop progressivement aux yeux de certains. J'insiste sur le fait que ce changement est progressif : car, n'en déplaise à ceux qui tirent leurs références des auteurs du siècle passé, il ne saurait être radical, sauf dans les discours – il est vrai que nous avons l'habitude des discours au sein de notre assemblée.

Si le glyphosate est un produit dangereux pour la santé, nous en convenons tous, il faut, pour l'interdire, pouvoir le remplacer par d'autres produits ou techniques permettant d'assurer des rendements agricoles s'approchant des rendements actuels. Ce n'est pas seulement la molécule de glyphosate contenue dans les 8 000 tonnes de produits que la France utilise chaque année, qu'il faut pouvoir mettre en cause, c'est bien l'ensemble des 75 000 tonnes de produits phytosanitaires – herbicides, fongicides, insecticides – que la France consomme annuellement. Il nous faut donc élargir le débat pour avoir une vision d'ensemble de la dépendance de notre agriculture aux produits phytosanitaires et ne pas le réduire à une seule molécule médiatique.

Nous sommes en chemin. La France et l'Europe progressent, trop doucement, assurément, mais elles progressent. Depuis le 1er janvier 2017, les collectivités territoriales, les établissements publics et l'État ne peuvent plus utiliser ou faire utiliser des pesticides pour l'entretien de leur domaine public. L'interdiction des néonicotinoïdes est entrée en vigueur le 1er septembre 2018. Enfin, la commercialisation et la détention de produits phytosanitaires à usage non professionnel sont interdites depuis le 1er janvier 2019. Nos gouvernements successifs ne sont donc pas restés inactifs et la majorité actuelle – je la salue – s'est engagée pour une réduction massive de l'utilisation du glyphosate d'ici trois ans.

Le Gouvernement a également relancé le plan Écophyto en avril 2018, afin d'accompagner une réduction de l'utilisation de produits phytosanitaires. Nous pouvons toutefois souligner et regretter les faibles montants financiers associés à ce plan.

De même, en Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique sud, le sujet est pleinement d'actualité, puisque le Gouvernement de notre archipel a interdit, le 7 février dernier, l'usage du glyphosate aux particuliers. À l'inverse de la métropole, d'ailleurs, en Nouvelle-Calédonie, les produits phytosanitaires sont consommés à 95 % par les particuliers, l'usage agricole ne représentant que 5 %. Quant à la consommation de glyphosate, elle se répartit pour moitié entre l'usage agricole et l'usage par les particuliers. Compte tenu des enjeux d'autonomie alimentaire, nous n'avons pas encore trouvé de solution de substitution suffisamment réaliste.

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