Intervention de Ericka Bareigts

Séance en hémicycle du jeudi 21 février 2019 à 15h00
Protéger la population des dangers de la malbouffe — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEricka Bareigts :

Comme je l'ai dit, nous avons adopté en 2013 la loi visant à garantir la qualité de l'offre alimentaire outre-mer ; mais, faute de sanction, la situation est toujours la même, les taux de sucre ne s'étant pas améliorés. De nombreuses associations, dont je salue ici le travail, prennent à bras-le-corps ces sujets, notamment par l'éducation populaire. Cependant, leur action ne saurait suffire.

Pour ces raisons, nous soutenons cette proposition de loi et jugeons qu'il faut que la loi soit contraignante, qu'elle soit appliquée et que nous nous soumettions aux recommandations de l'OMS.

Comment pourrions-nous laisser prospérer un système qui marche sur la tête ? Les panneaux publicitaires de quatre mètres sur trois installés au bord des routes, la publicité dans les revues pour enfants, sur les smartphones et les applications ou à la télévision, y compris dans les émissions pour le jeune âge, stimulent la consommation de produits dont nous savons désormais qu'ils contribuent à créer les situations humaines insupportables que sont les maladies graves, parfois pérennes ou mortelles, qui conduisent chaque année à des millions de consultations médicales et à la prise de médicaments, augmentant considérablement la dépense publique pour la sécurité sociale et donc l'impôt. Qui sont les gagnants de ce système ? Et où est l'intérêt général que nous sommes censés défendre coûte que coûte au nom de nos concitoyens ?

Mes chers collègues, faisons fi de nos appartenances politiques pour ne plus considérer que les maladies dues à la malbouffe que nous voyons autour de nous dans nos circonscriptions.

Je suis outrée de constater que la situation n'évolue ni sur le sel, ni sur le sucre, ni sur les autres problèmes en rapport avec la malbouffe ! Nous voyons défiler devant nous des gens amputés parce qu'ils ont du diabète, des gens qui sont devenus invalides à la suite d'accidents cardio-vasculaires, et qui meurent de ces maladies. Face à ces situations, demeurerons-nous sans rien faire ? Il nous a été dit en commission des affaires sociales qu'il serait impossible d'agir, ce que je ne saurais comprendre. Nous disposons d'études, d'avis et de recommandations : il ne nous reste plus qu'à prendre les décisions qui s'imposent.

Mes chers collègues, tel est l'enjeu de cette séance. Nous soutiendrons notamment des amendements visant à protéger les consommateurs les plus modestes en interdisant les avantages promotionnels sur les produits qui ne sont pas conformes aux recommandations de l'OMS sur les additifs alimentaires.

Nous savons par ailleurs que beaucoup d'additifs autorisés nous contaminent. Certains sont même interdits dans d'autres pays, comme le E102 appelé tartrazine, qui est interdit en Autriche et en Finlande, ou le E110, qui l'est aux États-Unis. Depuis 2009, est apposé sur les boîtes de conserves un texte écrit en très petits caractères avertissant que le colorant E102 peut avoir des effets indésirables sur l'activité et l'attention des enfants. Mais qui le voit ? Or ce colorant peut provoquer des crises chez les asthmatiques, car il s'agit d'un allergisant intense, et il est également cancérigène, mutagène et neurotoxique.

Nous ne pouvons plus attendre : il est urgent que nous choisissions entre, d'un côté, la santé de nos concitoyens, la sécurité alimentaire et le principe de précaution et, de l'autre, le profit de quelques actionnaires. Nous avons le devoir d'inverser cette dégradation quantitative au profit d'une alimentation plus saine et durable, qui soutiendra un secteur économique devant continuer à monter en gamme. Nous sommes en effet persuadés que l'amélioration continue de nos produits sera un gage de consolidation et permettra la conquête de nouveaux marchés.

Pour toutes ces raisons, le groupe Socialistes et apparentés votera cette proposition de loi.

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