Intervention de Florence Parly

Réunion du mercredi 6 février 2019 à 18h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Florence Parly, ministre des Armées :

Sur la gestion 2018, Monsieur Larsonneur, je vais être rapide. À quoi ont été dépensés les 272 millions d'euros de crédits gelés ? Je n'en ai pas le détail ici, mais en tout cas ils n'ont pas servi à faire des reports de crédits ou à financer les ouvertures de crédit au profit d'autres ministères. La visibilité sur les comptes réduit l'incertitude pour les gestionnaires et a permis d'éviter les tensions en termes de trésorerie, telles que nous en avions connue en 2017, faute de visibilité sur la trésorerie en 2018.

Sur la refonte des instructions en matière d'opérations de conduite des programmes d'armement, Monsieur Jacques, cela a en effet représenté un très gros travail, mené par la DGA tout au long de l'année 2018. L'objectif était d'adapter nos méthodes et, surtout, de simplifier beaucoup les choses. Ainsi, nous avons fortement rapproché les personnes qui travaillent à l'état-major des armées de celles qui travaillent à la DGA, de façon à définir les besoins de façon conjointe et, finalement, à éliminer les étapes intermédiaires qui existaient auparavant.

Nous pouvons désormais concevoir d'entrée de jeu l'expression des besoins en commun, les industriels étant également associés beaucoup plus tôt et beaucoup plus en amont à ces travaux. J'ai donc signé une nouvelle instruction, qui prend la succession de l'instruction « 15-16 » et formalise cette réduction du nombre des étapes qu'il faut conduire pour pouvoir mener à bien un programme.

En ce qui concerne le service des achats, le délégué général pour l'armement proposera un renforcement des services de la direction des opérations pour faire face à l'augmentation de l'activité de ce service dans le cadre de la LPM.

J'ai bien écouté, Monsieur Michel-Kleisbauer, ce que vous avez indiqué concernant la quatrième génération du feu. Je comprends tout à fait le souhait des parents qui ont perdu un enfant au combat d'être reconnus en tant que parents. C'est tout à fait légitime. Je m'étonne d'ailleurs, en vous écoutant, qu'ils ne soient pas régulièrement invités dans les différentes cérémonies. À mon niveau, le 13 juillet et le 11 novembre nous invitons naturellement les familles qui ont été touchées par ces deuils. Il n'y a aucune raison que cela ne se fasse pas dans la durée, chaque année, aux différentes cérémonies. Je ferai donc un point avec Geneviève Darrieussecq sur cette question. Je ne vois aucun inconvénient à vérifier que les instructions ont été passées et, surtout, qu'elles sont respectées.

Quant au plan relatif à la mixité, Madame Dumas, il est en cours de finalisation. Je ne reviens pas sur le fait que nous ne pouvons pas nous satisfaire d'être au quatrième rang des armées les plus féminisées, car le taux moyen de féminisation n'est tout de même pas tout à fait formidable : 15,47 %... Le chiffre s'entend toutes armées et direction des services confondus.

C'est pourquoi nous voulons d'abord d'élargir fortement le vivier du recrutement. Comme on l'a dit tout à l'heure, le recrutement est un combat, puisqu'il y a toutes sortes d'opportunités alternatives. Nous ne pouvons donc pas nous priver du vivier féminin. Tous les besoins en compétences doivent être satisfaits. Une fois le recrutement assuré, et mieux assuré encore dans le vivier féminin, il nous faut aussi fidéliser les femmes qui sont au sein des armées. Comme toutes les entreprises, nous devons aussi prendre en compte, dans la gestion des carrières, ces moments de la vie où les femmes ont pour préoccupation de fonder une famille.

Il n'y a aucune raison que nous n'y parvenions pas. L'objectif, s'il peut se résumer d'une façon un peu lapidaire, est le suivant : en 2022, il faudra que nous ayons 10 % des officiers généraux qui soient des officiers féminins – aujourd'hui, nous en sommes à 7 %. Et pour 2025, il faudrait que nous puissions doubler le nombre des officiers généraux par rapport à la situation actuelle. C'est la partie émergée de l'iceberg, si je puis dire. Car, pour pouvoir parvenir à cet objectif, il faut que l'ensemble de la pyramide progresse en termes de mixité. C'est bien à cela que nous travaillons ; nous présenterons, dans quelques semaines, ce plan mixité.

Sur le projet franco-allemand de d'avions de patrouille maritime de nouvelle génération, Monsieur Rouillard, je puis vous annoncer que nous progressons sur ce projet de programmes avec l'Allemagne pour lequel un premier contrat pourrait être signé en fin d'année. En tout cas, ce programme est sur la bonne voie. J'ai bien noté, sinon, votre préoccupation sur la disponibilité des ATL2, vu qu'il faudra attendre un petit peu avant que nous disposions de la nouvelle génération d'avions. En ce qui concerne les bouées acoustiques, je suis heureuse que vous soyez heureux de la décision de la DGA !

Concernant la relance des opérations de recherche du sous-marin Minerve, je voudrais simplement rappeler que nous attendons naturellement beaucoup de ces nouvelles recherches, mais, qu'en même temps, il faut aussi, par avance, accepter l'hypothèse où nous ne le retrouverions pas. Même si je sais que l'attente des familles est considérable, je ne peux pas non plus exclure cette hypothèse-là. Il faut aussi prévenir les déceptions, si nous ne parvenions pas à retrouver ce sous-marin, car il ne faut pas oublier que les profondeurs sont considérables.

Quant au MCO des hélicoptères, je crois que le premier contrat constitue une belle première étape, mais qu'il va falloir poursuivre. Car nous avons d'autres flottes d'hélicoptères qui souffrent d'un taux d'indisponibilité trop élevé. La direction de la maintenance aéronautique travaille d'ailleurs sur les autres flottes, comme prévu.

Enfin, pour terminer, je ne sais pas si je peux parler d'un mot de la situation à Idlib, Monsieur Son-Forget. Nous sommes très préoccupés de la concentration très forte de combattants terroristes dans cette zone, où il y a, par ailleurs, une population civile très nombreuse. Un accord a été conclu à Astana pour créer une sorte de zone de sécurité turco-russe. Pour l'instant, cet accord tient.

Mais nous ne doutons pas que, un jour ou l'autre, le régime syrien souhaitera reconquérir totalement cette partie du territoire syrien, ce qui nourrit, évidemment, d'énormes craintes du point de vue des conséquences humanitaires qu'une reconquête provoquerait, ainsi qu'une autre crainte, qui porte sur l'évaporation ou la dispersion des terroristes et des djihadistes. Tout cela nous montre que la lutte contre le terrorisme au Levant n'est pas tout à fait terminée.

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