Intervention de Alice Vieillefosse

Réunion du jeudi 24 janvier 2019 à 9h30
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Alice Vieillefosse, directrice de cabinet du directeur général de l'énergie et du climat :

Je vous remercie d'avoir invité le ministère de la transition énergétique et solidaire à participer à cette table ronde.

Je vais vous présenter, en quelques mots introductifs rapides, la feuille de route que nous nous sommes fixée et les actions que nous sommes en train de mettre en oeuvre pour identifier les freins au déploiement de l'hydrogène et les manières de les lever.

Notre feuille de route est aujourd'hui essentiellement basée sur le plan « Hydrogène », présenté le 1er juin 2018 par le Gouvernement. Ce plan s'articule autour de trois principaux axes.

Le premier axe concerne l'hydrogène dans l'industrie. Aujourd'hui, l'industrie utilise déjà de l'hydrogène, qui présente la particularité d'être carboné. L'objectif est donc de parvenir à décarboner cet hydrogène pour déclencher les investissements et développer la filière. La production par électrolyse s'amorce et croît de manière conséquente, avec des baisses de coût très significatives. Il existe là un véritable potentiel. L'objectif fixé dans le plan hydrogène est d'atteindre une cible de 10 % d'hydrogène décarboné dans les usages de l'hydrogène industriel à l'horizon 2023 et de 20 % à 40 % en 2028. Ce but est indicatif, mais guide notre feuille de route.

Le deuxième axe sur lequel nous souhaitons travailler est celui de la mobilité. On observe dans ce domaine, comme l'a souligné M. Hissel, de réelles perspectives pour le développement de l'hydrogène, en complément d'autres solutions de mobilité que sont notamment le biogaz ou les options 100 % électriques. Le potentiel nous semble surtout considérable dans les mobilités lourdes, incluant les véhicules lourds mais aussi la mobilité ferroviaire et maritime, voire aéronautique. Nous nous inscrivons donc essentiellement dans une logique de développement de flottes captives et non dans l'optique d'une généralisation de l'hydrogène à tous les véhicules particuliers. Notre objectif est de 200 véhicules lourds et 5 000 véhicules utilitaires légers d'entreprises ou de collectivités en 2023 et de 800 à 2 000 véhicules lourds et 20 000 véhicules légers en 2028.

Le troisième axe concerne l'énergie. L'hydrogène dispose d'un énorme potentiel pour nous aider à gérer les énergies intermittentes renouvelables et permet notamment le stockage intersaisonnier, ce qui constitue une opportunité relativement importante. À court terme, cela représente un véritable potentiel pour les zones non interconnectées. Selon les divers scénarios de modélisation, les usages de stockage en France métropolitaine seraient réellement effectifs à moyen terme, à l'horizon 2025-2030. La logique actuelle consiste essentiellement à développer cela au niveau de zones non interconnectées, pour préparer un déploiement ultérieur plus massif.

Le deuxième sujet est celui de l'injection d'hydrogène dans les réseaux de gaz existants. Nous avons demandé aux gestionnaires de réseaux d'étudier les possibilités et les limites techniques, afin d'envisager les actions à mettre en oeuvre pour permettre l'injection d'hydrogène : leurs travaux ont donné lieu à la rédaction et à la remise d'un rapport intermédiaire fin décembre 2018, dans l'attente d'un rapport final en 2019.

Depuis la présentation du plan hydrogène, nous avons lancé un important travail avec l'ensemble de la filière sur des engagements pour la croissance verte, qui prennent la forme de green deals comportant des engagements réciproques de la part de la filière et de l'État, avec pour objectifs de valoriser et faire connaître toutes les initiatives portées par la filière française, de faciliter le déploiement de la filière hydrogène grâce à un travail sur les freins à lever, et naturellement de faire en sorte que les différents acteurs prennent des engagements concrets. Le copilotage de ces travaux est assuré par l'AFHYPAC et le CEA-Liten, que je remercie au passage pour le travail considérable qu'ils mènent. Plusieurs groupes de travail, correspondant aux divers axes du plan hydrogène, ont été constitués dans ce cadre. Nous espérons ainsi aboutir à la signature des premiers engagements au cours du premier trimestre 2019 pour l'industrie et la mobilité terrestre.

Bien évidemment, un regard attentif est porté, dans le cadre de cette réflexion, sur les travaux réglementaires de simplification que nous avons déjà initiés au niveau du ministère et qui sont menés par la direction générale de la prévention des risques.

Concernant le secteur ferroviaire, nous attendons les conclusions du groupe animé par Pierre Izard suite aux travaux du député Benoît Simian pour décider s'il sera nécessaire ou non d'établir un engagement pour la croissance verte.

Le dernier point de mon exposé concerne les aspects financiers. Nous sommes conscients de la nécessité, pour parvenir à faciliter le déploiement de l'hydrogène, d'accompagner les projets. Un investissement de 100 millions d'euros est ainsi prévu dans le cadre du plan hydrogène, dont 70 millions en 2019. Nous avons lancé en octobre 2018 un premier appel à projets sur la mobilité, avec une première relève au 11 janvier 2019 : plus de vingt projets ont été déposés et sont en cours d'examen par l'ADEME. Nous allons par ailleurs publier très prochainement un appel à projets pour la production d'hydrogène décarboné dans l'industrie, puis, courant 2019, pour les zones non interconnectées, sur le dernier axe du plan hydrogène.

De nombreuses initiatives sont ainsi actuellement en cours. Je suis à votre disposition pour répondre à toute question les concernant et vous remercie de votre attention.

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