Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 5 mars 2019 à 15h00
Questions au gouvernement — Lutte contre la pollution

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Il porte, monsieur le président, sur l'organisation de nos débats. Lors des questions au Gouvernement qui viennent d'avoir lieu, les membres de mon groupe ont quitté l'hémicycle. Le premier orateur, s'adressant au Premier ministre, a en effet expliqué avoir été matraqué dans une rue de Bordeaux, en marge d'une manifestation. Le ministre de l'intérieur, loin d'exprimer des regrets comme il est d'usage en pareil cas – si l'on veut bien admettre que des débordements sont possibles – , a, tout au contraire, mis en doute la sincérité de la version de notre collègue, Loïc Prud'homme. Il l'a fait, au surplus, dans des termes inacceptables dans une enceinte parlementaire : un ministre n'a pas à traiter un député de menteur, cela dévalorise l'institution et les relations que nous entretenons.

En outre, il a été ressenti comme très choquant, et même incroyable, que nombre de nos collègues se soient levés pour applaudir de tels propos. Lorsque vous solliciterez, comme c'est bien normal, notre solidarité pour telle ou telle agression ou tel mauvais coup dont vous serez victimes, mes chers collègues, vous attendrez-vous, désormais, à ce que nous entendions d'autres versions pour en juger ? Tout cela n'est pas acceptable.

Pour terminer, je dirai seulement ceci. Le ministre de l'intérieur a une responsabilité particulière, peut-être plus grande que celle d'autres ministres : elle réside dans la maîtrise de la force dont il assure le commandement. Or, tout à l'heure, il a adressé un message d'une extrême violence, qui tombe fort mal dans le contexte actuel. Il y a quelques jours, je le rappelle, un syndicaliste policier a déclaré à la radio et à la télévision, à propos d'un manifestant mutilé : « Bien fait pour sa gueule. »

On ne peut vivre ensemble avec de telles conceptions des rapports mutuels. Je déplore et dénonce les propos qui ont été tenus, monsieur le président, et vous demande de dire au président de notre assemblée qu'il n'est pas acceptable d'entendre le ministre de l'intérieur envoyer un message qui jette le trouble, en ce qu'il suggère qu'il pourrait être légitime de frapper un député. Cela, on ne l'a jamais vu dans notre pays, et j'espère qu'on ne le reverra jamais.

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