Intervention de Danièle Obono

Séance en hémicycle du mardi 5 mars 2019 à 15h00
Débat en vue du conseil européen des 21 et 22 mars 2019

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Obono :

L'emploi et le changement climatique sont deux des sujets principaux à l'ordre du jour du Conseil européen des 21 et 22 mars prochains. Or l'un des enjeux centraux en matière d'emploi et d'adaptation au changement climatique est celui de l'urgente et radicale transformation du modèle agricole européen actuel.

L'agriculture qui fournit l'essentiel de notre alimentation est un secteur économique vital à la survie de l'humanité, et à la préservation de l'écosystème, mais elle est également devenue, du fait du système de production actuel, un vecteur de sa propre mise en danger.

Elle est en effet la source de près d'un quart des gaz à effet de serre qui participent au réchauffement climatique, réchauffement qui, à son tour, a des conséquences négatives pour l'agriculture et menace à court terme la production de denrées alimentaires.

Agriculteurs et agricultrices sont aussi membres de la catégorie professionnelle qui se suicide le plus. Cela s'explique par la pression productiviste, et leurs conditions de travail et de survie. Il y a donc bien une urgence vitale, sociale et environnementale à changer radicalement de modèle, d'autant que l'Union européenne est la première puissance agricole mondiale, et que la France est la première puissance agricole européenne.

L'Union européenne pourrait et devrait être l'avant-garde de la révolution agricole, écologique et solidaire qui permettrait de répondre aux défis environnementaux et sociaux de la période, mais, à l'inverse, la politique agricole commune favorise l'agriculture intensive et complique en particulier l'accès aux aides pour les agriculteurs les plus vertueux et les agricultrices les plus vertueuses.

Ainsi, quand les grosses exploitations ou les exploitations productivistes obtiennent des subventions directement de la même source, qui représentent 70 % des aides, les subventions des exploitations de petite et moyenne taille, aux pratiques souvent plus écologiquement soutenables, sont émiettées entre l'Union européenne, l'État et les collectivités territoriales, ce qui multiplie les risques de non-versement.

Résultat : 25 % des aides au bio de la PAC que l'État devait verser en 2016, 50 % de celles de 2017 et 100 % de celles de 2018 ne l'ont toujours pas été, au point que la Fédération nationale d'agriculture biologique, après avoir saisi le Défenseur des droits en octobre dernier, accompagne aujourd'hui plusieurs agriculteurs et agricultrices qui poursuivent l'État en justice pour que les aides dues leur soient enfin versées. Le Gouvernement devrait donc finir par payer ces agriculteurs et agricultrices bio. Mais va-t-il défendre au niveau du Conseil européen un changement drastique des règles d'attribution des aides pour la PAC post-2022 ou continuer à poursuivre cette politique de renoncement dont il a donné un exemple sur le dossier du glyphosate ?

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