Intervention de Michèle Victory

Séance en hémicycle du mardi 5 mars 2019 à 21h30
Questions sur la politique éducative du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

Notre système de santé et particulièrement celui de la santé scolaire se caractérise par une grave inadéquation entre objectifs et moyens : moins de 1 000 médecins scolaires, une répartition territoriale très inégalitaire allant d'un médecin pour 2 000 élèves à un médecin pour 40 000 élèves, enfin, 7 500 infirmières pour 12,5 millions d'élèves, soit une pour 598 élèves dans l'idéal.

En conséquence, seulement 57 % des enfants ont été examinés par un médecin ou un infirmier scolaire en 2015, une situation qui pénalise les enfants de milieux défavorisés et les 3 millions d'enfants pauvres pour qui l'école reste le seul lieu d'accès aux soins et au dépistage de troubles conduisant souvent à l'échec scolaire. Comment cette situation pourrait-elle s'améliorer avec la nouvelle obligation d'une visite entre 3 et 4 ans et avec quels nouveaux moyens ?

Alors que le nombre de médecins et d'infirmiers diminue chaque année, que l'attractivité et les conditions d'exercice de ces métiers se dégradent, les missions confiées à ces personnels se multiplient. Je tiens à vous alerter sur les craintes des infirmières qui, dans les établissements scolaires, dans une relation non hiérarchique mais étroite avec le médecin, l'assistante sociale et le chef d'établissement, sont des relais majeurs du parcours de santé des jeunes.

En 2015, la loi de refondation de l'école avait redéfini leur mission et tenté d'adapter la politique de santé scolaire à l'évolution de la société. Les infirmiers et infirmières ont effectué 15 millions de consultations à la demande des élèves ! C'est sur elles que repose principalement la promotion de la santé ; leur mission d'accueil, d'écoute et de suivi est essentielle. Quelque 80 % des jeunes qui ont recours à la médecine scolaire ne présentent pas de symptômes cliniques, ce qui en dit long sur le rôle relationnel que jouent aussi ces personnels de santé. Ils assurent des soins, participent aux prescriptions des projets d'accueil individualisé – PAI – en lien avec les équipes pédagogiques, assurent la coordination des élèves en situation de handicap avec les maisons départementales des personnes handicapées – MDPH – , suivent les enfants dépistés dès l'âge de 6 ans, interviennent pour les urgences, les problèmes de maltraitance ou ceux liés au handicap. Bref, ils ont une véritable expertise que nous devons valoriser tout en leur offrant des possibilités de formation supplémentaires.

C'est, de manière concrète, cette collaboration avec les médecins que l'organisation des politiques de santé scolaire doit favoriser, tout en conservant l'autonomie et la spécificité de la mission des infirmiers et infirmières scolaires. Aussi, monsieur le ministre, je vous demande de nous indiquer la place et les perspectives que vous comptez donner à cette profession.

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