Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du mardi 5 mars 2019 à 21h30
Questions sur la politique éducative du gouvernement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Depuis le mois de février de nombreux enseignants de Seine-Saint-Denis tirent la sonnette d'alarme, confrontés aux conséquences concrètes de la politique que vous impulsez. Vous le savez, car cela s'est traduit par des grèves ou des nuits passées dans les établissements. Beaucoup se sont mobilisés pour alerter les parents sur ce qu'ils jugent inquiétant pour la suite et pour faire part de la lecture critique qu'ils font de vos réformes – d'une certaine manière, vous avez abordé ce sujet dans votre réponse précédente.

Soyons concrets : ils réclament généralement des conditions de travail dignes. À la rentrée 2019, la Seine-Saint-Denis accueillera 2 000 nouveaux élèves. Dans le second degré, environ 250 nouveaux postes d'enseignants seraient nécessaires pour les accueillir, alors que, si je ne me trompe pas, il est seulement prévu d'en créer une soixantaine. Beaucoup d'organisations constatent d'ailleurs que sur ces 60 postes, 58 ne correspondent qu'à un redéploiement d'heures – en particulier d'heures supplémentaires.

Dans le premier degré, vous prévoyez 282 postes supplémentaires pour la rentrée prochaine. Certes, il y a une progression, mais celle-ci ne permet pas d'appliquer votre propre réforme visant au dédoublement des classes de CE1 en REP. On dénombre en effet en Seine-Saint-Denis 160 écoles en REP. Chacune d'entre elles comptant en moyenne deux classes de CE1, au moins 320 postes seraient nécessaires au dédoublement. Nous n'y sommes pas !

Je ne veux pas polémiquer, mais vous constatez que de nombreux éléments concrets amènent à ce qu'un doute s'installe. Je pourrais vous citer les cas de plusieurs établissements de ma circonscription. Au lycée Jean Jaurès à Montreuil, il y aura quarante-huit heures de cours en moins à partir de la rentrée prochaine. je pourrais vous citer aussi les cas du lycée horticole, toujours à Montreuil, des collèges Politzer de Montreuil et Bagnolet, ou du collège Lenain de Tillemont. Ce dernier établissement est classé en REP+, mais, concrètement, la baisse des moyens fait que l'année prochaine, les classes dédoublées ne pourront plus l'être.

Monsieur le ministre, ni vous ni le Premier ministre, qui nous a reçus à Matignon, ne contestez les conclusions du rapport d'information déposé le 31 mai dernier par nos collègues François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo. On peut y lire que « le moins bien doté des établissements parisiens est mieux doté que le plus doté des établissements de la Seine-Saint-Denis ». Une volonté de justice s'exprime pour ce département. Les enseignants mobilisés, qui sont l'honneur de leur profession, ne réclament rien pour eux, mais plus pour leurs élèves.

Concrètement, au-delà des effets d'annonce, ou de la présentation de chiffres auxquels votre grande administration sait pouvoir faire dire ce qu'elle veut, quand créerez-vous les conditions pour que l'égalité règne enfin en faveur de ce département qui en a tant besoin ?

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