Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du mardi 5 mars 2019 à 21h30
Débat sur la judiciarisation et la criminalisation de l'action militante

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

L'histoire que je vais raconter a des conséquences humaines graves : celle d'un homme licencié pour motif disciplinaire, dans le contexte d'une journée de mobilisation sociale, sur la base de faits que la justice a classés sans suite faute d'avoir pu établir la moindre infraction. Malgré cela, malgré la démonstration judiciaire d'un dossier d'accusation absolument vide, cet homme de 53 ans, qui totalise vingt-huit années de service et vingt-deux années d'engagement syndical, n'a pas été réintégré dans les effectifs de son entreprise.

L'entreprise en question n'est autre que la SNCF. La SNCF que son statut public, j'allais dire son histoire devraient prémunir contre toute tentation de règlement des conflits sociaux par la punition, par l'intimidation, par la pénalisation, par une forme de répression qui ne dit pas son nom !

Le cas de Jean-Michel Dieudonné, aiguilleur du fret rayé des cadres de la SNCF, illustre cette dérive dont nous essayons de discuter ce soir, sans apparemment y parvenir.

Le choix qui a été fait par l'entreprise publique de licencier son salarié, qu'elle accuse pour un incident mal établi, contesté même – un débat un peu vif avec une collègue durant une journée de grève le 27 juillet 2018 à la gare de l'Est – n'a pas de précédent récent. Cette sanction, prise sans même attendre le résultat du travail de la justice, qui a donc procédé depuis à un classement sans suite, ne s'applique normalement qu'à des agents frappés d'une lourde peine pénale, par exemple à la suite d'un braquage ou d'un meurtre.

Le président de la SNCF a été saisi par de nombreux élus parlementaires – Caroline Fiat est très engagée sur le dossier, et nous sommes également mobilisés – mais n'a pas répondu. Une pétition a déjà réuni près d'un million de signatures pour demander l'annulation de la sanction, mais le président de la SNCF ne répond pas.

Cette situation, monsieur le ministre, interpelle directement l'État, actionnaire de la SNCF. Nous vous demandons donc d'intervenir pour réparer ce qui s'apparente à une discrimination syndicale, une judiciarisation de l'action militante telle que nous la concevons.

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