Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du jeudi 7 mars 2019 à 15h00
Augmenter le salaire minimum et les salaires en accompagnant les très petites les petites et les moyennes entreprises — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Carlos Ghosn, qui vient sortir de prison, était bien avisé de dire : « Ce qui est important, c'est l'avenir à long terme de l'entreprise. »

De cet avenir, 71 % des Français doutent puisqu'ils estiment que les pouvoirs publics ne soutiennent pas assez les entreprises de taille moyenne en France.

Pourtant, 90 % des personnes interrogées lors d'un récent sondage, estiment que le développement des entreprises de taille moyenne est un élément clé de la croissance économique française.

Notre pays est malheureusement à la traîne dans ce domaine par rapport à nos voisins allemands ou italiens, non seulement pour les PME, mais aussi pour le développement des licornes, ces start-up qui valent plus d'un milliard de dollars. En trente ans, la France en a vu naître seulement quatre, contre 57 dans le reste de l'Europe, très loin derrière le Royaume-Uni, par exemple.

Faut-il attendre, toujours attendre, de voir ce que donnera la loi PACTE ? Je pense ici aux quatre mesures phares censées venir en aide aux TPE et PME, visant à alléger et à simplifier les obligations liées aux seuils d'effectifs ; à relever les seuils de certification légale des comptes pour alléger les contraintes et les charges ; à augmenter les versements des acheteurs publics aux PME et à améliorer les délais de paiement ; à réduire les délais et les coûts de la liquidation judiciaire.

Est-ce suffisant ? Naturellement, non. Car ces mesures, comme celles de la proposition de loi, d'ailleurs, ne permettent pas de venir en aide à ces chefs d'entreprise, qui sont littéralement pris à la gorge par des taxes en tout genre.

Le 28 janvier dernier, à Béziers, j'ai rencontré des entrepreneurs, tous dirigeants de TPE ou PME, qui ont exprimé un véritable ras-le-bol : « Nous avons le sentiment d'être des victimes », « on travaille pour les autres et pas pour soi », « nous sommes écrasés par les charges », « je dis à mon fils : sois salarié ! », « tout nous pousse à tricher pour gagner notre vie et, au lieu de nous inciter à moins tricher, on ne fait que nous contrôler. Quelle sera la prochaine étape ? On va arrêter de travailler et on deviendra des assistés ! »

Trouvez-vous normal qu'aujourd'hui, en France, on puisse entendre cela de la part de chefs d'entreprise ?

Lors d'une autre réunion de chefs d'entreprise, cette fois consacrée au mal-être au travail, certains pleuraient.

L'urgence est là. Il faut changer notre façon d'envisager les choses, arrêter avec les aides directes et donner aux entreprises les moyens de leurs ambitions. Au lieu de cela, monsieur le rapporteur, vous proposez dans votre article 3 de créer un fonds de soutien aux TPE et PME, qui devrait être financé notamment par l'État grâce aux dispositions de l'article 2 prévoyant la suppression progressive des réductions de cotisations patronales. Et le même état d'esprit prévaut à l'article 4.

Bref, votre unique solution, c'est de mettre les entreprises sous perfusion de l'État, au lieu de leur donner les moyens concrets d'être compétitives.

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