Intervention de Olivier Serva

Réunion du mercredi 23 janvier 2019 à 17h30
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Serva, président :

Monsieur le ministre, vous nous avez fait l'amitié de répondre à notre invitation, malgré un agenda très contraint.

Chers collègues, je ne résiste pas à l'envie de vous livrer une petite biographie de François de Rugy. Né le 6 décembre 1973, il suit des études secondaires au lycée Gabriel Guist'hau de Nantes, puis intègre l'Institut d'études politiques de Paris, dont il sort diplômé dans la section communication et ressources humaines en 1994. Sa carrière politique est marquée par un engagement fort pour l'écologie. En 1991, il rejoint Génération écologie, puis fonde en 1995 l'association Écologie 44. Il adhère aux Verts en 1997 et est élu conseiller municipal de Nantes au sein du groupe Les Verts, en 2001. En juin 2007, il est élu député de la première circonscription de la Loire-Atlantique et secrétaire de l'Assemblée nationale. Il est alors membre de la commission des finances et de la délégation chargée de l'application du statut du député. Réélu en 2012, il co-préside avec Barbara Pompili le groupe parlementaire Europe Écologie Les Verts de l'Assemblée nationale, où il est membre de la commission de la défense nationale et des forces armées. Le 17 mai 2016, il devient l'un des vice-présidents de l'Assemblée.

En juin 2017, François de Rugy est élu député pour la troisième fois, puis président de l'Assemblée nationale. Le 4 septembre 2018, il est nommé ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, dans le deuxième gouvernement d'Édouard Philippe, en remplacement de Nicolas Hulot, démissionnaire. Même s'il n'est pas totalement opposé à la production d'électricité d'origine nucléaire, il s'est engagé à diminuer sa part et vise 100 % d'énergies renouvelables d'ici à 2050. Il s'est prononcé en faveur d'une fermeture progressive des centrales nucléaires de plus de quarante ans.

Monsieur le ministre d'État, c'est un plaisir de vous accueillir au sein de notre délégation. D'abord en tant que président, puis comme ministre, vous avez toujours eu une oreille attentive et bienveillante pour les territoires ultramarins. Vous aviez d'ailleurs fait la preuve de votre intérêt, au plus haut niveau de l'Assemblée nationale, en vous rendant sur les territoires victimes des intempéries cycloniques, Irma et Maria – une attention dont je vous ai su gré.

Dotées d'une surface terrestre quatre fois et demie moins étendue que la France hexagonale, les collectivités d'outre-mer abritent comparativement soixante fois plus d'oiseaux et vingt-six fois plus de plantes. Avec 3 450 plantes et 380 animaux vertébrés uniques au monde, l'outre-mer accueille autant d'espèces endémiques que toute l'Europe continentale.

Les outre-mer représentent aussi une surface maritime qui vaut à la France de posséder la seconde zone économique exclusive du monde derrière les États-Unis, avec plus de 11 millions de kilomètres carrés. La faune et la flore sous-marines, qui constituent 10 % des récifs coralliens et des lagons de la planète, viennent compléter ce formidable palmarès. Dans de nombreuses collectivités d'outre-mer, les milieux côtiers offrent par ailleurs des zones d'alimentation et de reproduction importantes pour une grande partie des tortues marines et des cétacés de la planète.

Or ce patrimoine naturel est l'objet d'un grand nombre de menaces : urbanisation et construction d'infrastructures ; exploitation minière et forestière ; invasion d'espèces exotiques ; pollutions ; changement climatique. Les extinctions d'espèces sont beaucoup plus nombreuses dans les collectivités d'outre-mer que dans l'Hexagone. La France se classe au cinquième rang mondial pour le nombre d'espèces animales menacées et au neuvième rang pour les plantes, principalement du fait des espèces présentes en outre-mer. Certains milieux naturels ont été particulièrement touchés et continuent de subir de fortes menaces. Les forêts qui s'étendaient autrefois le long des côtes ont quasiment disparu.

Vous l'aurez compris, la protection de la biodiversité française et la lutte contre le changement climatique outre-mer sont de grands défis auxquels nous devons faire face et sur lesquels nous voudrions connaître la politique du Gouvernement. Le projet de loi portant création de l'AFB-ONCFS, modifiant les missions des fédérations de chasseurs et renforçant la police de l'environnement, discuté dans l'hémicycle à l'heure où nous parlons, illustre l'importance de ces enjeux pour notre pays. Les membres de la Délégation aux outre-mer exprimeront certainement quelques inquiétudes quant à la place réservée aux représentants ultramarins dans cet organisme, compte tenu de la part importante de la biodiversité située sous les latitudes non hexagonales de la France. Je m'associe naturellement à leurs inquiétudes.

Comme en témoigne cette problématique, l'actualité ultramarine est très riche en sujets environnementaux. Je ne doute pas que vous serez largement interrogé par les membres de la Délégation à leur propos. Pour ce qui me concerne, je suis particulièrement préoccupé par quelques sujets sur lesquels je souhaiterais connaître votre sentiment.

La prolifération des algues sargasses dans les Antilles représente une calamité dont la récurrence s'accroît. Elle est une vraie source d'anxiété pour les populations ultramarines, sur le plan sanitaire et environnemental, au-delà des problèmes économiques qu'elle ne manque pas de poser également.

Il y a aussi les suites données à la scandaleuse affaire du chlordécone. Notre collègue députée de la Guadeloupe, Mme Hélène Vainqueur-Christophe, défend en ce moment même une proposition de loi que je connais bien, pour en avoir déposé une similaire au mois de juillet 2018. C'est un sujet de première importance pour nous. Je connais la volonté du Gouvernement de faire et surtout de bien faire, dans le droit fil des déclarations du Président de la République, le 27 septembre 2018, à la Martinique.

Le projet d'exploitation aurifère, dit « montagne d'or », en Guyane sera aussi très certainement évoqué par nos collègues, étant donné l'ampleur du débat qu'il suscite – débat qui se tiendra également dans notre hémicycle le 7 février prochain.

Dans le Pacifique, je pense également à l'enjeu qu'il y a à lutter contre le changement climatique et la montée des océans qui menace les populations habitant sur des atolls vulnérables.

Enfin, monsieur le ministre d'État, je m'étais engagé à vous transmettre un message qui vient de l'île de Marie-Galante, dans ma circonscription, à propos des difficultés rencontrées par la collectivité dans la mise en oeuvre de la taxe sur les passagers maritimes embarqués à destination des espaces naturels protégés.

Monsieur le ministre d'État, je suis sûr que vous ne manquerez pas d'aborder ces sujets au cours de votre intervention et vous cède la parole.

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