Intervention de Lénaïck Adam

Réunion du mercredi 23 janvier 2019 à 17h30
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLénaïck Adam :

Monsieur le ministre d'État, l'exploitation aurifère est un véritable enjeu qu'il faut relever en Guyane. Il y va de l'emploi des jeunes qui doivent, pour beaucoup d'entre eux, choisir entre le chômage ou faire la mule. Sans alternative, telle est leur unique perspective d'avenir.

La forêt amazonienne et sa biodiversité sont une richesse pour la Guyane et l'humanité tout entière. Tout doit être fait pour la préserver. D'ailleurs, 55 % du territoire guyanais sont déjà protégés : parc amazonien, parc régional, réserve biologique. Mais peut-on mettre sous cloche le reste du territoire guyanais ? Depuis quelque temps, on voit naître de toutes parts un intérêt soudain pour la Guyane. De terre surtout connue pour son bagne, elle est devenue une terre sacrée. Contre-vérités et omissions sur l'activité aurifère prévalent, orchestrées par des activistes environnementaux, des organisations politiques hexagonales et des populistes au niveau local. Que n'a-t-on pas dit sur le projet « Montagne d'or » qui sera, somme toute, traité comme n'importe quel projet industriel, ni plus ni plus moins ? Chers collègues de l'outre-mer et de l'hexagone, sachez que mon territoire obéit aux mêmes règles que les autres. Les mêmes codes s'y appliquent, avec même plus de sévérité en matière environnementale.

Au-delà du projet « Montagne d'or », qui focalise toutes les attentions et les oppositions, c'est l'émergence d'une véritable filière industrielle que vous remettez en cause, avec notamment la proposition de résolution visant à interdire le cyanure. Avez-vous vérifié la véracité de certains éléments de cette résolution ? Avez-vous pris connaissance des travaux du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS) sur l'utilisation du cyanure dans le traitement des minerais aurifères en Guyane ? Selon les conclusions du rapport de ces deux organismes d'État, effectué à la demande du ministère de la transition écologique et solidaire, qui viennent d'être publiées sur le site mineralinfo : « Des techniques de substitution au cyanure permettant la mise en solution de l'or existent, certaines sont applicables à l'échelle industrielle ou sont en phase de développement mais aucune n'a atteint le niveau de maturité ni la robustesse des procédés au cyanure et toutes présentent des coûts d'exploitation supérieurs. Par ailleurs, elles présentent des enjeux similaires en termes de transports et de stockage de matières dangereuses, de maîtrise des risques associés aux procédés de traitement. »

Je regrette, monsieur le ministre d'État, de n'avoir pas vu plus d'empressement de votre part, quand il a fallu revoir les crédits de la Guyane dans le cadre du PLF pour 2019. Dans le journal France-Guyane du 19 septembre 2018, vous disiez que l'écologie et l'économie peuvent et doivent marcher main dans la main. La Guyane doit devenir une terre de référence dans le domaine de l'exploitation minière, ce qui semble plus porteur d'activités et d'emplois que la mise sous cloche de son espace.

Je suis né à Saint-Laurent-du-Maroni, commune d'implantation du projet « montagne d'or », dont j'ai visité le site. J'ai visité au Surinam une mine à ciel ouvert utilisant le cyanure. Par conséquent, je sais de quoi je parle, contrairement à beaucoup qui parlent depuis Paris de choses qu'ils ne maîtrisent pas.

Monsieur le ministre, la France prendra-t-elle ses responsabilités ? Se comportera-t-elle comme la puissance qu'elle est, pour ne pas céder face aux pressions mensongères et contrôler les activités aurifères comme sur tout autre site Seveso qui s'installe en France hexagonale ou ailleurs ?

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