Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du mardi 24 juillet 2018 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Au nom du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR), je vous remercie à mon tour.

Premièrement, je parlerai des accords commerciaux avec le Maroc. La Commission européenne travaille aujourd'hui beaucoup à essayer de remettre en cause, ou du moins de contourner la décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) qui considère, à juste titre, que toutes les richesses qui sont exploitées au Sahara occidental sont propriétés du Sahara occidental, conformément aux résolutions des Nations unies.

Nous devons donc nous tourner vers le Front Polisario, reconnu par les Nations unies comme représentatif du peuple sahraoui, lui-même reconnu comme peuple du Sahara occidental, territoire lui-même reconnu comme territoire colonisé par toutes les résolutions des Nations unies.

La France porte-t-elle l'idée que l'Europe doit respecter les résolutions des Nations unies et que cette loi internationale doit faire partie de son propre cadre d'action ? Est-ce bien l'Europe dont nous parlons ?

Deuxièmement, comme député du Havre et de sa zone industrielle et comme ancien maire de Gonfreville-l'Orcher, j'ai, pendant de longues années, observé comment, pendant que la raffinerie et les usines chimiques faisaient un arrêt technique, six cents des huit cents chômeurs inscrits en permanence dans cette ville disparaissaient des listes, parce que six cents personnes travaillaient au service de ces arrêts techniques.

Mais, en quelques années, ces arrêts ont cessé d'amener la moindre réduction du nombre de chômeurs. Après avoir rencontré les entreprises et m'être rendu dans les usines, je me suis rendu compte que, de sous-traitants en sous-traitants, c'étaient finalement des travailleurs détachés d'Europe de l'Est qui venaient faire ce travail.

Grâce au président de la République et grâce à son action, j'espérais retrouver moins de chômeurs dans la ville où j'habite. Eh bien ce n'est pas le cas. Peut-être y a-t-il un temps d'inertie, peut-être vais-je l'observer demain ? J'ai en effet compris qu'il serait désormais moins rentable pour les sous-traitants de faire venir des travailleurs détachés. Mais je voudrais en avoir la garantie.

Troisièmement, j'ai l'impression que l'Europe, sans être seule dans ce cas, n'a pas forcément joué un rôle transparent quand le coup d'État a eu lieu en Ukraine. Permettez-moi de vous dire que cette Europe-là ne fait pas rêver. J'ai défendu l'idée européenne au sein d'un parti qui avait du mal à la défendre, car j'aimais – et j'aime encore – le fait qu'il n'y ait pas de frontières, de même que l'idée d'un espace toujours agrandi où les êtres humains peuvent se déplacer librement dans le respect de leurs droits fondamentaux. Je continue d'ailleurs d'en rêver à l'échelle de la planète.

Telle qu'elle se met en oeuvre, cette Europe ne me fait cependant pas rêver. Peut-être faut-il y voir la raison pour laquelle les nationalismes y prennent toujours plus de place. Que peuvent proposer la Commission européenne et les différents gouvernements européens pour que l'Europe de demain fasse rêver les jeunes d'aujourd'hui ?

On continue à parler d'une Europe technocratique. C'est aussi l'impression que j'en ai moi-même. Dès lors, imaginez quel regard le citoyen peut quant à lui avoir sur l'Europe ! Certes, les étudiants voient les réalisations du programme Erasmus. Mais que voient les autres citoyens ? Je ne suis pas sûr qu'ils aient un regard très enthousiaste sur l'Europe actuelle.

Quels sont donc les signaux et les marqueurs du futur ? Ne nous situons surtout pas dans la continuité de ce qui se fait aujourd'hui, sauf à considérer que nous sommes entrés dans la voie de l'intégration et que nous bâtissons un État fédéral européen, chose que nous n'osons pas dire aujourd'hui.

Même si ce n'est pas ma conception, je comprends qu'elle puisse faire rêver et je n'empêcherai pas mes enfants de voter pour. Soit nous préférons une réorganisation européenne qui s'appuie sur les nations – c'est plutôt en faveur de cette conception que je plaide. En tout cas, l'Europe doit nous faire rêver.

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