Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mercredi 13 mars 2019 à 21h30
Croissance et transformation des entreprises — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Il y aurait tant de choses à dire, pourtant, à commencer par la privatisation d'Aéroports de Paris. ADP est officiellement devenu, en 2018, le numéro un mondial du secteur, avec 218 millions de passagers et 610 millions d'euros de bénéfices, en hausse de 6,9 % en 2018 – près de 12 % du portefeuille boursier des participations de l'État. Nous sommes loin de la gestion de la Maison du chocolat !

Après tout, pourquoi s'étonner d'une telle volonté puisqu'Emmanuel Macron lui-même avait validé, il y a à peine quatre ans, la vente de 49,9 % des parts de l'État dans la société de gestion de l'aéroport de Toulouse à des Chinois, lesquels sont déjà prêts à s'en débarrasser ? Un fiasco tel que la Cour des comptes a qualifié il y a un mois cette transaction d'échec à ne pas renouveler.

Les salariés comme l'ensemble de l'opposition ne cessent de dénoncer un « projet aventureux », une « faute stratégique » ou encore une « aberration économique », mais rien n'y fait.

Vous ne vous arrêtez pas là puisque vous vous en prenez à Engie en passant par La Française des jeux et pourquoi pas, demain, La Poste. Comme si vous n'aviez rien appris des erreurs commises en privatisant les autoroutes !

Mais ce n'est pas le seul reproche que l'on peut faire à ce projet de loi. Vous dites vouloir venir en aide aux TPE et PME mais rien n'est prévu pour revaloriser le temps de travail hebdomadaire minimum. Rien non plus au sujet des seuils sociaux qui étouffent les entreprises, freinent l'embauche et entravent la compétitivité. Au lieu de les relever à 100 salariés, vous faites, une fois de plus, dans la demi-mesure.

Quant aux innovations que vous dites vouloir protéger, là encore, pourquoi ne pas écouter ceux qui vous parlent d'un processus accéléré pour encourager enfin ceux qui inventent, qui créent, à protéger leur travail ? Au lieu de cela, vous proposez, à l'article 42 bis, un dispositif lourd et complexe qui ne permettra pas à la France de s'imposer comme l'incontournable place de l'innovation.

Que dire aussi des commerces qui ferment leurs devantures du fait de la concurrence des grandes surfaces qui prolifèrent autour de nos villes ? Selon les derniers chiffres de l'INSEE, près d'un commerçant sur quatre est pauvre, c'est-à-dire qu'il gagne moins de 1 026 euros par mois. Trouvez-vous cela normal ? Pourtant, les TPE sont un bassin d'emploi indispensable à notre économie.

Fin 2016, selon le pointage de l'Institut supérieur des métiers et de la MAAF, les TPE artisanales de moins de vingt salariés employaient 1,6 million de salariés. En manque de soutien, les TPE désertent littéralement nos centres-villes. En quinze ans, le taux de boutiques vides a bondi. Pourtant, des solutions existent. Nous essayons de les mettre en place à Béziers et dans le Biterrois. J'avais d'ailleurs déposé un certain nombre d'amendements sur ce sujet, mais ils ont tous été retoqués.

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