Intervention de Bruno le Maire

Séance en hémicycle du mercredi 13 mars 2019 à 21h30
Croissance et transformation des entreprises — Discussion générale

Bruno le Maire, ministre de l'économie et des finances :

… qu'il suppose la création de champions industriels européens dans tous les domaines – l'intelligence artificielle, le transport aérien, le transport ferroviaire ou la construction navale. C'est cela qui nous permettra d'affirmer un modèle économique différent.

Cela vaut aussi pour notre monnaie commune : si nous voulons un capitalisme financier raisonnable, nous devons disposer d'une monnaie de référence sur les marchés internationaux. Entre le dollar et la monnaie chinoise, il y a une place pour l'affirmation de l'euro comme monnaie de réserve et de référence sur la scène internationale. Voilà le premier choix : nous avons le mérite de le faire ! À deux mois des élections européennes, il est bon de savoir que cette majorité s'engage clairement pour un nouveau capitalisme défini à l'échelle européenne et non uniquement nationale.

Le deuxième choix consiste à savoir si nous voulons un État fort ou si nous nous résignons à un État faible, qui laisse faire et laisse passer. Pour ma part, je crois à un État fort dans le domaine économique. Il doit être innovant, capable d'affirmer sa force et sa souveraineté de manière différente après s'être si longtemps montré impuissant. Il doit affirmer sa force par la régulation autant que par la présence au capital des entreprises. Pour garantir la souveraineté de l'État en matière économique, la régulation peut être tout aussi efficace, voire beaucoup plus efficace que la présence au capital.

Nous le verrons avec le sujet d'Aéroports de Paris : pour contrôler la sécurité de la frontière aérienne, la régulation et le contrôle par la puissance publique sont tout aussi efficaces que la présence au capital d'Aéroports de Paris. Pour assurer le contrôle et la régulation des tarifs aéroportuaires, le contrat de régulation économique, renégocié tous les cinq ans, avec des règles claires et des sanctions, est tout aussi efficace que la présence de l'État au capital d'Aéroports de Paris. Pour les rotations, les dessertes, le couvre-feu, l'environnement, nous pouvons même, par la régulation, renforcer ce qui existe en privatisant Aéroports de Paris. La régulation est tout aussi efficace pour affirmer la puissance de l'État dans le domaine économique que la participation au capital.

L'État a également les moyens, par la régulation, d'orienter la finance. Ainsi, je suis convaincu que, demain, la finance sera verte ou ne sera pas. À nous de définir des règles objectives pour savoir où les banques placent leurs capitaux, c'est-à-dire les économies des épargnants : ces capitaux vont-ils bien au financement des énergies vertes ? Je peux vous garantir qu'un indicateur objectif montrant ce que la BNP et la Société Générale font des économies des épargnants sera le meilleur instrument pour que ceux-ci choisissent d'épargner dans telle banque ou telle autre. Cela passe par la régulation et non par la nationalisation de BNP, de la Société Générale ou du système financier.

M. Mélenchon a employé le mot de « planification » : je le reprends !

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