Intervention de Stéphane Peu

Séance en hémicycle du jeudi 14 mars 2019 à 9h30
Croissance et transformation des entreprises — Article 44 (appelé par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Peu :

Privatiser Aéroports de Paris est également une erreur démocratique, car les aéroports de Paris constituent une frontière vitale au coeur de notre capitale économique et politique. Privatiser une frontière est bel et bien une faute, et un abandon de souveraineté nationale.

Une telle privatisation fait courir un risque en termes d'affaiblissement notre pays. En effet, la privatisation mettrait en danger Air France, notre compagnie aérienne nationale, dont Aéroports de Paris constitue aussi le hub. Nous avons vu, il y a quelques semaines, les Pays-Bas monter au capital d'Air France-KLM pour défendre l'activité de l'aéroport international d'Amsterdam-Schiphol. Alors que les Pays-Bas, comme tous les pays du monde, soutiennent leur compagnie nationale et défendent leur aéroport national, nous empruntons le chemin inverse, celui de la privatisation, de l'abandon de souveraineté nationale, et de l'affaiblissement inéluctable de notre compagnie nationale. C'est une faute au regard du sens de l'histoire.

J'ajoute enfin que nous courons un risque d'inconstitutionnalité. Je l'ai dit : l'avis du Conseil d'État me paraît fragile et nous ne pouvons pas nous réfugier derrière lui.

Permettez-moi un instant de m'exprimer aussi en tant qu'élu de la Seine-Saint-Denis. Un rapport d'information de l'Assemblée nationale, publié au mois de mai dernier, consacré à l'évaluation de l'action de l'État dans l'exercice de ses missions régaliennes en Seine-Saint-Denis, a montré qu'il existait dans notre pays des ruptures en matière d'égalité républicaine. Le Premier ministre a pris des engagements afin de traiter la situation spécifique du département et de lui donner les moyens de rejoindre le niveau des autres.

Dans ce cadre, il faut savoir que les deux sites d'Aéroports de Paris de Paris qui se trouvent en Seine-Saint-Denis – l'aéroport du Bourget et celui de Roissy – emploient plus de 100 000 personnes, souvent recrutées localement, dans le Val-d'Oise, la Seine-et-Marne et la Seine-Saint-Denis, en particulier dans des quartiers difficiles. La privatisation est donc aussi un mauvais coup porté à l'emploi local, au rééquilibrage territorial, et à la Seine-Saint-Denis.

Tout cela est entaché d'un grand soupçon. Il y a quelques mois, monsieur le ministre, votre Gouvernement a pris la responsabilité d'abandonner le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. La rupture du contrat signé avec la société Vinci a ouvert la voie à une indemnisation déjà très élevée de cette dernière. On peut légitimement se demander…

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